
Recueillir les toponymes de territoires nomades : pour quoi faire ?
Béatrice Collignon, chercheuse au laboratoire Passages, enseignante au département de géographie, Univ. Bordeaux Montaigne
Agriculture de sédentaires et culture(s) nomade(s) : aperçu des relations à l’environnement des sociétés nomades du nord-est de l’Éthiopie à travers leurs traces paysagères et toponymiques
Ninon Blond, chercheuse au laboratoire EVS, associée au laboratoire Archéorient, enseignante à l’ENS de Lyon
- lundi 4 avril 2022 - de 14h à 17h - lien zoom à demander par mail nomadslandsmom@gmail.com
- affiche (.pdf)
Résumé de Béatrice Collignon
Le recueil des toponymes en territoires autochtones a connu un fort engouement depuis le tournant du siècle. Au point de s’imposer comme une évidente nécessité.Pourtant, ce recueil n’a rien de facile, ni d’anodin.
Du point de vue méthodologique, des guides très clairs et détaillés sont disponibles ; mais bien peu de publications critiques à leur endroit. Or, en fonction de la méthode choisie, on ne recueille pas tout à fait les mêmes données.
Du point de vue théorique, en dehors de Denis Retaillé et de sa proposition sur « l’espace mobile », peu de travaux s’interrogent sur le lien que l’on fait, en recueillant des toponymes, entre noms et lieux et la géographie que l’on dessine ainsi, parfois en dehors des géographies propres aux habitant.es qui ont nommé des morceaux de leur territoire.
A travers ce problème, c’est une question éthique qui se pose : celle de l’effet de nos recherches sur les géographies sur lesquelles elles portent.
L’ensemble de ces questions seront abordées au cours de ce séminaire, à partir de l’expérience spécifique du recueil des toponymes des Inuinnait (un groupe inuit de l’Arctique canadien) mais en élargissant la réflexion à d’autres situations, et d’autres expériences.
La présentation sera suivie de la diffusion d’un film réalisé par Béatrice Collignon : « Des noms de lieux à la carte en pays inuit », tourné en 2003 et produit en 2005-2006.
Résumé de Ninon Blond
Les relations entre sociétés nomades et leur environnement sont difficiles à étudier du fait du peu de traces laissées par ces populations.
Cependant, à y regarder de plus près, les paysages du nord-est de l’Ethiopie, traditionnellement occupés par des agriculteurs sédentaires tigréens, portent la marque d’un contact, voire d’une hybridation, entre des pratiques attribuées aux sédentaires (agriculture en terrasses, habitat de pierre sèche) et d’autres propres aux nomades (pastoralisme itinérant, habitat léger de bois).
On perçoit alors, à travers ces traces comme à travers les toponymes micro-locaux, les relations entretenues par ces sociétés avec leur environnement, mais aussi comment ces représentations se confrontent à nos conceptions de chercheurs occidentaux.