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[Rub 2 - PT] Dire, construire et habiter la maison

Dire, construire et habiter la maison

Analyses et enjeaux archéologiques

À l’heure où s’est ouverte l’exposition « Ma maison à Lugdunum » au musée gallo-romain, la question de l’habitat apparaît comme un thème fédérateur, particulièrement propice à l’échange d’informations provenant des différents laboratoires de la MOM et des institutions archéologiques locales. Ce domaine de recherche, désormais autonome sans être évidemment détaché, des études sur la ville et l’urbanisme, a suscité un investissement théorique important ces vingt dernières années, notamment dans les écoles anglo-saxonnes et à travers la création d’une anthropologie de l’espace pour les périodes plus récentes. De ce point de vue, il serait intéressant de se positionner sur les pratiques et les démarches qui président aujourd’hui encore, avec plus ou moins de succès, à l’analyse de l’habitat. De ce fait, si la documentation que nous serons amenés à mettre en commun concernera en majorité les mondes anciens et médiévaux, il convient de donner rapidement à ce thème transversal une ouverture plus large, de manière à fédérer les avis et les expériences d’autres disciplines et d’autres périodes. Pour ce faire, le thème pourra s’organiser en suivant trois axes.

Fourni de Délos © Cliché, Christophe Gaston
Fourni de Délos © Cliché, Christophe Gaston

Axes du programme transversal :

- Études de vocabulaire. Il s’agira dans cet axe de réfléchir au passage du vocabulaire ancien d’analyse et de description de l’habitat, à la nomenclature spécialisée utilisée aujourd’hui. L’objectif sera d’évaluer la validité de cette nomenclature et la possibilité éventuelle de la clarifier ou de l’amender. À partir de cette problématique, on cherchera à voir de quelle manière dépasser l’aporie de la fonction des pièces, que l’on cherche souvent en vain à retrouver, en envisageant plutôt la question des finalités de la maison. Celle-ci doit en effet équiper (par l’architecture et les objets), les besoins vitaux de l’homme comme être animal (alimentation, hygiène, stockage, protection) ; elle doit aussi équiper les fonctions de l’homme comme personne sociale s’inscrivant dans un temps, un lieu et un milieu déterminés.

- L’habitat comme ensemble archéologique. Cette deuxième thématique est en lien étroit avec la première. Il s’agira de voir selon quelles modalités l’architecture s’articule ou entre en synergie avec les éléments mobiliers, décoratifs et utilitaires, pour assurer les différentes finalités de la maison. On pourra notamment orienter des réflexions critiques sur la typologie des maisons ou les analyses planimétriques et leurs limites épistémologiques, la notion de programme décoratif et la contextualisation du matériel archéologique.

 - Analyse sociologique de l’habitat. Prenant exemple, parmi d’autres, sur les analyses de P. Bourdieu sur la maison kabyle ou de Ph. Bruneau sur la maison délienne, il s’agira de décortiquer, par la confrontation des sources, le phénomène d’appropriation par lequel la maison comme édifice devient un chez-soi. Seront traitées également les négociations sociales à l’œuvre à la fois au sein de la maison, entre les membres d’une même maisonnée, et entre la maison et l’extérieur (compartimentation des espaces, système de circulation, opacité plus ou moins grande, notion d’espace de réception, traces archéologiques éventuelles d’une répartition hommes/femmes, hommes libres/esclaves, adultes/enfants).
En corollaire, il s’agira de réfléchir à la validité de la répartition des catégories juridiques privé/public dans le cadre de l’habitat (vieux serpent de mer de ce thème de recherche et qui fait l’objet d’un colloque à Rome en novembre 2015) (Public and Private in the Roman House and Society, November 7-8, 2014, Institutum Romanum Finlandiae, Rome) en voyant d’une part, comment elles se mettent en œuvre dans les vestiges et en partageant d’autre part, les observations archéologiques avec celles des juristes.

Organisation proposée : 

- Organisation d’un séminaire régulier d’une ou deux séances par mois, à partir du mois de novembre 2014 (je me chargerai de la première séance qui portera sur l’historiographie de ce domaine de recherche, du point de vue du vocabulaire et de la typologie). Dans l’attente d’une éventuelle réponse à l’appel d’offres de Lyon 2 à déposer au mois d’octobre, les séances du premier semestre feront plus particulièrement appel à la collaboration des laboratoires de la MOM. Le premier thème abordé sera soit celui du vocabulaire, soit celui de l’analyse de l’habitat comme ensemble archéologique, selon les disponibilités et les souhaits des intéressés.

- Organisation d’une journée d’études sur chacun des grands axes énoncés. La première journée sera consacrée à l’ensemble archéologique des maisons de Délos et se déroulera le 15 mars 2015. Une seconde journée, moins spécialisée « archéo grecque hellénistique », est également envisagée.

Valorisation :

  • Organisation d’une veille bibliographique avec le personnel de la bibliothèque de la MSH MOM.
  • Réflexion à mener sur la possibilité de podcast des séances de séminaires et des journées d’études.
  • La journée d’études sur la Maison à Délos sera proposée à la publication auprès du service des publications de la MSH MOM.

Projets de collaboration avec d’autres institutions que les laboratoires de la MSH MOM :

  • INRAP, SRA et SAVL, en particulier à partir des découvertes récentes à Lyon et dans la région.
  • ENSAL (en particulier François Tran, directeur du laboratoire d’Analyse des Formes)
  • CRGA – Lyon 3 (en particulier Bernard Gauthiez).
  • ENSAP (en particulier Monique Eleb, Créatrice du Laboratoire Architecture Culture et Société, XIXe-XXe siècle du Département de la Recherche, ENSAP, UMR/AUSSER C.N.R.S./MCC n°3329)
  • Centre de Recherches historiques de Paris 8 (EA 1571) et en particulier Catherine Saliou.
  • Centre Max Weber, équipe « Modes, espaces et processus de socialisation »
  • CREA (Centre de Recherches et d’Études Anthropologiques, EA 3081)
  • Labex IMU
  • LARHRA (en particulier Nathalie Mathian, équipe « Art, imaginaire, société »)
  • ANHIMA UMR 8210 (en particulier Florence Gherchanoc)
  • AOROC – ENS et en particulier Catherine Balmelle.