Roland de Mecquenem - Archives de Suse

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Cote conservation : F/17/17258 / Document original conservé aux Archives Nationales, Paris.

MINISTÈRE DE L’EDUCATION NATIONALE.
RECHERCHES SCIENTIFIQUES

FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DE L’IRAN.

MISSION DE SUSIANE.

CAMPAGNE DE FOUILLES -1938.

RAPPORT DE MISSION.

La Mission était composée cette saison de MM. de Mecquenem, chargé des fouilles, J. Unvala et J. Michalon, architecte D.P.L.G.

Les inspecteurs du Service des Antiquités de l'Iran étaient MM. Minou'i et Reuwanbote.

La Mission était rassemblée à Suse le 13 Février.

Les travaux de fouilles ont été commencés à Tchogha Zembil le 21 Février et se sont terminés le 12 Mars. Ils ont commencé à Suse le 14 Mars et ont été arrétés le 3 Avril. Des sondages ont été poursuivis du 13 Mars au 1er Avril à Tépé Bouhallan A et du 18 Mars au 3 Avril à Tépé Bouhallan B.

I- Travaux à Tchogha Zembil

A)-Ziggourat.

Il s’agit d’une tour à étages ; la base était carrée ; les angles sont orientés à peu près aux points cardinaux ; la diagonale Nord-Sud est un peu à l’ouest du Nord magnétique ; l’angle est de 3 degrés et demi.

Chantier 1- Une équipe a déblayé l’angle Nord-ouest ( pl.V ) , qui avait été trouvé précédemment à 1m. de profondeur ; un puits a permis (p. 2) de suivre le parement sur cet angle, depuis la cote 40m.80 (au-dessus de l’Ab é Diz) jusqu’à la cote 34,90, où le sol naturel a été rencontré. Ce travail a permis de voir deux décrochements sur les côtés de l’angle. Le parement avait une épaisseur de 2m.,75. Une tranchée d’environ 3m. de largeur a rencontré à la cote 37,86, un nouveau parement à 8m.,50 du premier (entre les surfaces externes). 81 avait une épaisseur de 0m.80 et présentait une rangée de briques inscrites à 8 lignes bien entières et les clous bien orientés. Ce mur fut suivi sur une hauteur d’environ 2m. (cote : 35,84). Un dallage s’amorçait alors avec une brique d’épaisseur posée sur des fragments de briques ; en avant, nouveau parement, à 3m. du précédent et de 0m.,42 d’épaisseur ; il descendit jusqu’à la cote 34,54, soit une hauteur de 1m.,30. Il était arrêté par un dallage de fragments de carreaux posés sur briques crues. Ce dallage fut suivi sur une longueur de 5m.,50 ; il était alors à une profondeur de 3m.,50 au dessous du sol actuel.

Chantier 2- Une équipe travaillait sur la face Sud-ouest ( pl. II et III,3 ) et a mis au jour une longueur de 4M. d’un parement qui se trouve le 5ème ( pl. III,4 ) à partir du degré de 1m.,30, signalé tout à l’heure et qui affleurait à la cote 49,60 ; il a été suivi jusqu’à un dallage à la cote 46,10, soit sur 3m.,50. Le 4ème parement était à 4m., 75 du 3ème et le 5ème à 3m.,40 en retrait sur le 4ème. Le mur présentait une apparence singulière ; les briques d’une rangée sur deux avaient été grossièrement coupées ; nous avons un instant pensé que l’on avait détruit une ornementation ; nous avons vu bientôt que le mur n’ayant que deux carreaux d’épaisseur, 0m.,80 l’appareillage des matériaux amenait à une alternance de carreaux en saillie ; le maçon avait jugé plus commode de ravaler ces saillies après la pose, les briques étant bien maintenues (p.3) par le poids des assises supérieures ; l’alternance des surfaces rugueuses et lisses formait ornement ou plutôt était cachée par un revêtement à la chaux.

Dans une saignée perpendiculaire, destinée à retrouver un 6ème parement (qui n’a pas été atteint) il a été dégagé un gros fragment de pierre de seuil en grès du pays, et recueilli des débris de clous décoratifs en terre cuite émaillée.

Chantier No. 3 –Déblaiement de l’angle Sud ( pl.II ) . La tranchée a rencontré des éboulis très épais et recueilli des fragments de briques inscrites. Le 2ème parement a été retrouvé et dégagé sur une longueur de 3m. , partie de la base Sud-est. Ce travail a permis de vérifier que la base de la Ziggourat était bien carrée.

L’équipe a été déplacée pour rechercher des affleurements des parements supérieurs ; elle a trouvé les 4ème et 5ème, mais glissés hors de leur position normale.

Chantier No. 4-Face Nord-est. ( pl. III,1 et IV )

Il faut se rappeler que, sur cette face, avaient été dégagés des murs en briques cuites, sortant de l’alignement du 3ème parement ; ils portaient à croire à l’existence d’un sanctuaire sur cette face. Le travail était difficile en raison de la présence d’une forte épaisseur d’éboulis au-dessus de la chambre présumée ; deux équipes furent occupées sur ce point ; la moitié environ d’une chambre fut déterminée et vidée ; le remplissage était de terre mêlée à des fragments de carreaux, des débris de bois carbonisé, des pierres de grès taillées en clefs de voûte ; le dallage fut atteint à la cote 37,28 ; L’intérieur de la chambre paraît avoir mesuré 5m.80 sur 2m.70, et présentait une porte au Nord-est.

Il a été recueilli des fragments de briques inscrites et des débris de clinquant d’or.

B) – Travaux à l’intérieur de la 1ère enceinte (p.4)

Chantier No.1-Ouest de la ziggourat.

Les travaux de 1936 sur ce point n’avaient pas repris en 1937 ; ils avaient été arrêtés par un long mur en briques crues qui paraissait indiquer le terre plein de base de la tour à étages ; la pluie avait cependant à notre arrivée, mis à jour un petit dallage carré ; il fut dégagé et l’on reconnut un pilier carré, construit sur un dallage et d’un mètre de hauteur. Contre le pilier du côté N.E. était posé sur le dallage un long dard de cuivre oxydé ; il mesure 0m.,546 de longueur, une extrémité était pointue et l’autre était un large fer de lance ; au nettoyage, on reconnut que la tige était un serpent qui le tenait le large plat du fer dans sa gueule ; la tête était d’exécution exacte et soignée ; en arrière du cou, on distinguait une inscription cunéiforme de 0m.,10 de longueur, très altérée ; le dos de l’animal convexe était orné d’incisions imitant le décor de la peau ; le ventre plat et la gorge étaient écailleux ; le fini du travail, comme ce que l’on peut déduire de l’inscription indiquent un objet votif dédié à une divinité ; c’est plutôt un sceptre qu’une arme.

À la suite de cette découverte, le déblaiement du dallage fut entrepris avec trois équipes ; Il s’étendit en avait du pilier et de part et d’autre, dessinant une salle étroite (largeur :2m.) de 10m.,10 de longueur totale, limitée par des murs de briques crues ; un couloir s’ouvrit au S. est, large de 0m.,90 et long de 2m.,60 ; il aboutit à une deuxième salle de 6m.,90 de long sur 3M. de large. Un pilier carré s’élevait en face du premier, haut de 0m.,77. Un nouveau couloir s’ouvrait au S. est, il fut suivi sur 6m.,50, arrivant à 24m. du 1er degré de la ziggourat ; le dégagement d’une maçonnerie superficielle empêcha de poursuivre l’exploration en profondeur. Le remplissage des salles était des briques crues plus ou moins fondues ; à la base, on remarquait des débris de bois calciné et des terres charbonneuses (p.5) et des débris d’ossements. Le dallage paraissait couvert de chaux ; les carreaux enlevés, on trouva cinq lits superposés de lits de fragments de carreaux ; on recueillit sur le dallage et dans les interstices, de nombreuses perles de fritte, de pierres et de verre. Près du pilier de la 1ère chambre, se trouvait, outre le sceptre, un petit saumon d’argent, du poids de 170 grammes (Musée de Téhéran). Près du pilier de la 2ème, étaient plusieurs petits poissons et deux petits oiseaux en fritte émaillée ; Ces objets, comme les perles faisaient partie de colliers ; nous avons observé des fragments de fils de cuivre passés dans les trous de suspension ; les perles de verre étaient de plusieurs natures ; les unes petites et rondes, d’autres étaient circulaires, avec une face plate et l’autre bombée d’un diamètre variant de 15 à 30 millimètres ; la face convexe était partagée en trois zones avec un cercle central foncé, rappelant un œil ; d’autres enfin étaient cylindriques, d’un diamètre de 10 à 15 millimètres d’une longueur de 20 à 25 centimètres, et de deux couleurs au moins, jaune et blanc, blanc et bleu foncé, en spirales ; nous avions trouvé des fragments nombreux de ces perles, surtout en 1936, dans une salle au Sud-ouest de la première, mais aussi dans presque toutes les constructions déblayées, mais jamais nous n’avions pu en reconstituer d’entières ; nous en avons à présent huit ; elles ont une extrémité coupée doit, et l’autre en pointe émoussée ;

La destination de ces cylindres de verre nous échappe.

Notons encore des petits yeux, composés de trois parties : la pupille, petite pastille en bitume, le blanc de l’œil, en marbre, ou en gypse, se logeant dans une coque de bitume ou de cuivre ; quelques cylindres.

Notons aussi plusieurs petits clous de cuivre et des débris de cuivre informes.

Un sondage au sud-ouest de la 1ère salle a rencontré un dallage en (p. 6) surface et, en profondeur, (cote 36,40) un dallage oblique sur les autres constructions et qui pourrait être le fond d’un aqueduc ; plus au sud-ouest encore, à l’angle droit sur la galerie trouvée en 1936, se trouvait une longue salle, large de 3m.,60, qui a été dégagée sur 15m.,70 limitée au sud-est par un ravin ; sur le dallage, il a été recueilli des perles cylindriques en verre, une paire d’anneaux en cuivre utilisés pour renforcer des bois de la toiture, une paire de gros crochets de cuivre, (peut-être gonds de porte) et une douzaine d’yeux, généralement trouvés par paires, presque plus grands que des yeux normaux. Nous pensons que ces yeux étaient destinés à des têtes en terre crues, simulacres de têtes humaines, pour les cérémonies funèbres, après exposition aux animaux sauvages, du réensevelissement des restes. Il est possible que l’ensemble des constructions de cette face de la Ziggourat représente des caveaux funéraires. L’orientation des murs, au contraire des côtés des la tour, est sud-ouest-nord-est et S.E.N.O, magnétique.

Chantier No.2-Est de la Ziggourat.

Une équipe a fait un petit sondage pour chercher à l’Est de la tour une galerie symétrique de celle de l’ouest ; elle a rencontré des restes de construction de surface et a été déplacée, un déblaiement important sur ce point n’étant pas opportun.

Chantier No.3- Le déblaiement des constructions trouvées l’année précédente a été repris, et poussé jusqu’au mur de la 1ère enceinte. Des murs épais de un mètre, conservés sur une hauteur parfois de près d’un mètre cinquante, dessinent des chambres régulières ou non. Le plan annexé nous dispense de description ; peut-être s’agit il de caves ? – dans ce travail nous avons recueilli de nombreuses briques (p.7) inscrites réemployées dans la construction, des carreaux émaillés, en terre cuite (dimensions : 0m.,39-0m.,395-0m.,11) décorés soit de trois groupes en ligne de cercles concentriques, (3), soit d’une suite de trois lozanges ; des jarres de terre cuite, quelques fragments de figurines, quelques perles, des pointes de flèches, et épingles en cuivre. Nous avons trouvé en place plusieurs pierres de support de gonds de porte et des pierres de meule à grains réemployées.

C) Travaux dans la deuxième enceinte ( plan )

Une équipe a été employée à des sondages en différents points ; elle a été ensuite fixée à un déblaiement de constructions à fleur de sol ; à l’est du précédent chantier ; il a été trouvé quelques vases de terre cuite, dont un grand vase à cordons (Musée de Téhéran)

Le déblaiement de constructions plus à l’est a été repris ; il a été recueilli un pied, et un fragment de pied, d’un grand bassin en fritte émaillée, trouvé fragmenté en cet endroit la saison précédente, (Musée de Téhéran), quelques fragments de vases élamites en fritte et en terre cuite émaillée, deux petits singes assis en terre cuite, et des vases en terre cuite fragmentés.

Nous avons omis de signaler un sondage en bordure du ravin de la 1ère enceinte, au sud du chantier No.3. Il a été trouvé une sorte de dépotoir et de nombreux vases de terre cuite ; parmi ceux-ci, signalons un type curieux répété assez souvent, et dont nous avons pu restaurer un spécimen ; le fond est plat et triangulaire, le col est rond, le raccordement se fait au-dessus de la panse.

D)-Travaux en dehors des enceintes.

Nos deux inspecteurs ont bien voulu se charger de surveiller une équipe de fouille prospectant dans la plaine de l’Ab é Diz, au Nord de la Ziggourat. Ils ont exploré un premier monticule, où sur un sol très dur et chargé de gypse, ils ont trouvé des restes de constructions (p.8), une collection de lampes et de bouteilles d’époque parthe ; un peu plus au nord, presqu’au niveau de la plaine, ils ont suivi un dallage sur une vingtaine de mètres de long, probablement fondations de mur.

Le Dr. Unvala partit une après midi sous la conduite de Séid Khérim visiter un site de ruines à Obeyeh, à 6km. environ ; il vit des restes de constructions peu anciennes et peu importantes.

Conclusion

La ziggourat ou Khourkibrat de Tchogha Zembil s’est avérée beaucoup plus importante que nous l’avions pensé après deux explorations, deux degrés sont enfouis assez profondément ; ce fait permet d’espérer trouver bien conservées des amorces d’escaliers, des saillies décoratives, mais au prix d’un grand effort. Le côté du premier degré a environ 103m. celui du second est 97mètres, celui du 3ème 80m, du 4ème est 71m et celui du 5ème 64m.20.

La face Nord-Est, étant toujours à l’abri du soleil, a un intérêt particulier ; c’est généralement celle qui porte l’escalier ; les ascensions étant moins pénibles faites à l’ombre, c’est aussi le côté où l’on construit plus volontiers le temple, bien que le sommet de la tour doive en comporter un, et l’espace libre au sommet devait être assez considérable, même pour un grand temple à moins de multiplier les étages. Notre face N.E. est couverte d’éboulis peu commodes pour le travail.

Les constructions du Nord-ouest paraissent très intéressantes ; elles nous faciliteront l’approche de la ziggourat en nous fournissant des bibelots nouveaux, et peut-être des inscriptions. Les constructions plus éloignées de la ziggourat perdent au contraire de leur intérêt en apparaissant très postérieures à la tour et très remaniées ; notre intention est de concentrer nos efforts sur le centre de la première enceinte.

TRAVAUX à Suse

A) – ACROPOLE.

Chantier No.2. Sud-est du Tell ( pl. XI, 2 et pl.XII )

a- Dans un ravin, à la suite des pluies d'hiver, on trouve un fragment de stèle en grès ; il porte en bas-relief, une tête de serpent : gueule ouverte, la langue saillante et pontue (sic), le corps écailleux ; le motif, comme la nature de la pierre, nous ont fait penser qu'il s'agit d'un débris nouveau de la grande stèle en grès d'Untash-Gal conservée au Musée du Louvre ! Le Service des Antiquités de l'Iran, dans son intelligente bienveillance, nous a fait attribuer ce fragment avant partage.

Du niveau p (IIème Niveau) à -3m.,60.

À la partie supérieure, fonds de silos et fours ; grand cratère très fragmenté, (Musée du Louvre) avec peintures rouges et noir-bleu, de la panse au col ; peinture pulvérulente très peu solide ; décor géométrique ; nombreux fragments de vases analogues. Plus bas, dans des restes de constructions indiquées surtout par des amorces de canalisations, quelques tombes d'enfants, marquées par des amulettes et des perles de pâte et de pierre, des boules, des fusaïoles d'aragonites, des masses d'armes ou poignées de canne en pierre, des cylindres et fragments de cylindres ; signalons un petit veau couché en pierre dure, d'un travail soigné (Musée du Louvre) - Un vase, fermé par une écuelle renversée, renfermait des ossements d'enfant très jeune, accompagné d'une fusaïole et d'un anneau à bélière en coquille. - Tombe d'enfant sous les éclats d'un grand vase, avec coquille d'Unio et perles de pâte blanche en très grand nombre ; nous avons recueilli des hameçons et des (p. 10) épingles de cuivre ; ces dernières, souvent à têtes ornées, enfin quelques tablettes proto-élamites, et des empreintes de cachets sur des bouchons de jarre en terre crue.

Plus au Nord, nous avons ouvert une nouvelle tranchée de 0m. à -1m.,50. - Nous avons trouvé des fragments de vases polychromes, comme dans le travail précédent ; un grand vase de terre cuite, quelques empreintes sur terre crue ; les ouvriers nous ont remis de nombreuses amulettes en forme de poissons, oiseaux, une tortue, généralement en albâtre, parfois en aragonite, d'un genre tout différent de ce que nous avions l'habitude de trouver à ce niveau. Comme ces objets manquent en général de trous de suspension, ou de support, et à cause de leur originalité, nous avons de grands doutes sur leur origine ; nous supposons qu'ils sont l'ouvrage de quelque artiste local, content de peu de profit ; notre enquête n'a pas réussi à le découvrir.

De -3m.,60 à -5m.-

Nous avons trouvé des vases de terre cuite, surtout des écuelles grossières, mais aussi des vases à 4 boutons, des vases à bec ; des écuelles en bitume, en gypse ; des cachets plats, des empreintes sur bouchons de jarres ; des percuteurs, poids de balance, têtes de cannes en pierre ; des clous, des perles et des amulettes en terre cuite ; un curieux objet est un poisson de terre cuite, (Musée de Téhéran) ; il a la bouche ouverte et un orifice s'ouvre au milieu du dos ; les yeux, les écailles et les nageoires sont soigneusement représentés.

De -4m.,50 à -8m.,50.

Nombreux vases de terre cuite, surtout écuelles grossières ; un petit vase contenait encore des graines ; à la base du niveau, un gd (sic) vase en terre cuite jaune, à fond plat, largement ouvert, (D : 70,5 cm) et presque aussi haut ; il était décoré en haut d'une ceinture circulaire (p. 11), travaillée au pouce ; il avait été anciennement cassé ; de part et d'autre de la fêlure étaient forés deux trous tous les 17 à 19 centimètres ; dans les trous, on pouvait recueillir une matière noire, qui doit représenter le reste d'une corde, peut-être en jonc. Nous avons trouvé des paquets de fusaïoles en terre cuite, de bobines, de clous de même matière ; un burin et un outil de potier de terre cuite ; des hameçons, des aiguilles, des épingles de cuivre ; des cachets plats, l'un d'eux en aragonite, en forme de tête de lion ; des empreintes sur terre crue, une pointe de flèche en os.

De -8m.,50 à -9m.,50

Nous avons, à l'ouest de notre tranchée, trouvé quelques spécimens de ces empreintes de cachets boutons à personnages et à ornements géométriques, sur lesquels nous avons attiré l'attention de ces deux dernières saisons ; ces empreintes ne sont pas cette fois en très grands fragments, mais nous avons eu la chance de trouver un cachet bouton à ornements géométriques justement de ce style. Même par sa facture, il se distingue des cachets boutons de la couche qui surmonte, comme ceux de Suse I qui se trouvent immédiatement au-dessous. Nous trouvons alors de nombreux fragments de la poterie peinte archaïque.

De -9m.,50 à -11m.

Fragments de poterie peinte de Suse I. A -11m. sol naturel.

Chantier No.4.

Faute de personnel, nous nous sommes limités à une tranchée de 5m. de largeur pour l'approfondissement de ce sondage ; il est descendu de 6m. à 7m.,60. Nous avons encore trouvé des clous de fondation en terre cuite, disséminés sur le terrain, ou réunis par 2 ou 3. Au-dessous, le sol devient moins dur et a une couleur brune, peut-être due à des traces de végétation ; nous devons arriver à Ourouk IV.

(p. 12)

B)- VILLE ROYALE.

Chantier No.1- Sud-ouest du tell ( pl. XV,1 )

Est du chantier - à partir du Niveau O, restes de constructions, têtes de puits et tombes néo-babyloniennes en fosses et dans des jarres ; on trouve des vases de terre cuite : nous devons citer particulièrement un petit vase peint en terre cuite rouge, avec décor géométrique brun-rouge il a trois pieds et se détachant de la bordure deux petits boutons en saillie, percés verticalement pour une anse funiculaire ; (Musée de Téhéran). Nous avons eu l'occasion de voir des vases tout à fait semblables, dans ce Musée, grâce à l'obligeance de la Conservation, et provenant des fouilles du Dr. E. Schmidt au Louristan ; le Dr. Contenau a trouvé des vases analogues à Tépé Giyan, près de Néhavend, mais sans boutons en saillie ; Ces vases se trouvent donc datés du VIIème siècle environ avant notre ère ; à un niveau inférieur, nous avons trouvé deux autres vases peints, élamites cette fois, et d'un genre plus commun à Suse. Dans des puits, nous avons recueilli des fragments de céramique arabe et sassanide ; dans un autre, à quelques mètres du chantier, des vases néo-babyloniens en flûte et un pied de meuble ou de plateau, sans doute en bois ; il avait été recouvert d'une feuille très mince de cuivre ; elle montre une décoration de godrons et une boule ; cette dernière porte des ornements gravés et repoussés (Musée de Téhéran).

Au-dessous du niveau néo-babylonien, nous trouvons le niveau élamite, représenté par des tombes en jarres et des caveaux funéraires en briques cuites ( pl.XV, 2 et 3 ) ; l'un de ces derniers était construit d'une manière un peu nouvelle ; les pieds droits comportaient d'abord des briques en parpaings, puis des rangées horizontales ; nous avons trouvé dans le mobilier funéraire, des vases de terre cuite, un poignard (p. 13) de cuivre, et des restes informes de têtes en terre crue, ou plutôt en boue séchée ; les yeux de ces simulacres ont été mieux conservés ; ils étaient en bitume et portaient des traces de peinture. Nous avons trouvé quelques poids de balance ; les uns en forme d'ellipsoïdes allongées, plusieurs, en hématite, en cornaline et quartz en formes de petit canards ; un autre, ce qui est plus rare, était une petite tête de boeuf en hématite ; (ce que nous appelons hématite, Fe293, pourrait être du reste du rutile, Ti 02).

Nous avons trouvé quelques cylindres, néobabyloniens et élamites ; parmi ceux-ci, notons en passant une scène assez fréquente, gravée sur des cylindres en bitume, du XXe au XVIIe siècle avant notre ère ; le dieu est assis sur un trône ; il tient de la main droite un gobelet ou vase à boire ; en face de lui, se tient debout un serviteur, ou peut-être une figuration de la personne que l'on vient d'inhumer ; dans ce cas, le mort se présente en solliciteur du breuvage de vie ; celui-ci est contenu dans une amphore au fond conique ; au-dessus de ce récipient, entre les personnages, un oiseau, et le croissant lunaire ; le reste du champ est occupé par une butte ou tour à trois étages ; au sommet s'élèvent trois arbres, dont les branches opposées deux à deux se relèvent obliquement ; Si cette ramure s'abaissait au lieu de se lever, nous n'aurions aucun doute à déterminer ces arbres comme des conifères. Ces arbres sont très rares en Perse ; cependant Pline (Livre XII,39) dit qu'il existe en Perse, sur le mont Zagros, dans le territoire de Sittacé, une sorte de cyprès, aux branches blanches, au bois odoriférant dans les foyers ; les Parthes en mettent des feuilles dans leur boisson. Le nom rapporté par Pline est : bratus. Il paraît que les feuilles de cyprès, dont il y a beaucoup à Chiraz, sont encore utilisées pour parfumer l'eau de boisson. La Sittacé de Pline, est sans doute la contrée arrosée par le fleuve Sitakos mentionné par Arrien ; c'est la rivière (p. 14) Mund actuelle, dont un affluent prend sa source non loin de Firouzabad, à 100 km. au sud de Chiraz.

À la base du niveau, nous avons trouvé des sarcophages sans moulures et recueilli des anneaux et pectoraux en argent, des armes et des vases de cuivre.

Près des tombeaux, nous avons eu quelques tablettes inscrites en terre crue, de nombreuses figurines de terre cuite, de menus objets, parmi lesquels un dé en terre cuite, d'époque néobabylonienne (Musée de Téhéran).

Du côté ouest de la fouille, nous trouvons des tombes du XXVème avant notre ère, fournissant quelques vases de terre cuite ; au-dessous, des constructions en briques crues dont le déblaiement n'a pu être terminé.

Chantier No.5. ( pl.XVI )

Nous avons ouvert un nouveau chantier sur la Ville Royale, sur la crête face à l'ouest ; nous avons nivelé un espace de 8m. de largeur sur une trentaine de mètres de longueur, à une profondeur variant de 0m. à 2m. - nous avons rencontré des constructions arabes, recueilli des fragments de céramique, quelques cachets sassanides, des pièces de monnaie ; un grand vase est d'un type nouveau pour cette époque. Citons encore un moule de fondeur en pierre olaire, destiné à fondre des bijoux.

Isthme

Les travaux du Donjon occupant moins de personnel, les équipes disponibles ont été reportées au Nord, attaquant par l'est et par l'ouest l'Isthme qui précède la presqu'île formée par le Donjon ; nous sommes un peu en avant de la grande porte d'entrée du palais sassanide.

À l'est, nous avons trouvé des tombes arabes du IXème siècle de notre ère. (p. 15) Les corps sont parfois posés sur des débris de pierre travaillées, empruntées au palais sassanide ; nous avons trouvé des morceaux de marbre, des fragments de colonnes achéménides, un fragment de calcaire sur lequel est écrit en grec : ARXIEPEUS, grand prètre ; une partie de bassin en calcaire blanc porte quelques hiéroglyphes égyptiens ; de ce chantier, proviennent quelques fragments de briques émaillées achéménides, un petit morceau de tablette en terre cuite de Darius Ier. Plus bas, nous trouvons quelques vases parthes, dont l'un émaillé ; avec des débris de vases, nous recueillons plusieurs kilogs de petites pièces en plomb, pesant de 1gr.,5 à 2gr.,5. Ces pièces sont des monnaies de Characène, des rois Attambélos et Thionnèsés, du premier siècle avant notre ère. Nous avons dégagé des restes de construction en briques crues ; sur un socle de briques cuites, se trouvait un manchon de puits en poterie, doublé d'un autre ; c'était peut-être un réservoir d'eau. Au niveau inférieur, -3m., nous trouvons des tombes néobabyloniennes, accompagnées de vases de terre cuite ; dans un puits de la même époque, nous trouvons de grandes jarres en terre rouge et des vases fragmentés, parfois émaillés ; plusieurs étaient à long col étroit et munis d'une anse. Citons encore quelques fragments de figurines hellénistiques.

À l'ouest, au dessous du cimetière arabe, nous trouvons des tombes élamites ; l'une d'elles était dans un vase ventru, à cordons et décoré de peintures. Deux sarcophages étaient sans moulures. Une petite statuette hellénistique, en marbre a été trouvée non loin ; (Musée du Louvre). La tête était anciennement rapportée et manque.

Donjon-

( pl. XVIII et pl.XX )

Nous avons continué les fouilles des IVe et Ve Niveaux. (p. 16) Au IVe Niveau, nous trouvons des sarcophages d'Our III, des tombes en fosses et en jarres ; on recueille quelques vases,armes, anneaux, et perles ; Au Vème, des tombes en fosse, avec des vases de pierre et de cuivre, des vases peints, du XXXème siècle avant notre ère au XXIIIème ( pl. XXII, 1,2 et 4 ) . Nous avons à signaler parmi ces vases peints, quelques types nouveaux : un bol à pied, (Diam. du bord sup. 0m.,205), décoré de damiers, de bandes rouges et noires, (Musée de Téhéran) ; un vase élevé à fond circulaire plat, la panse jusque près du col est colorée en rouge, une large bande rouge est à la base du col, l'espace intercalaire est décoré d'oiseaux, séparés par paires, de groupes de traits obliques ; ce décor est brun noir - une grande marmite porte au-dessus de la panse un décor rouge et noir, suite de triangles, lozanges et traits et une représentation solaire ; une marmite de même type, présente l'aigle aux ailes éployées ; une autre, une suite de gazelles, de grandes dimensions et de vives couleurs : noir et rouge, mais de formes grossièrement stylisées ; (Musée de Téhéran) ; une autre marmite, de pâte jaune clair, est décorée en brun vert, (Musée du Louvre) de bande circulaires, de triangles et lignes sinueuses ; ce décor s'interrompt pour la présentation d'un couple d'équidés de profil à droite ; ils ont la queue lisse, séparée seulement à l'extrémité en bouquet de poils ; la crinière est courte, ce sont des caractères asiniens, mais la tête est petite relativement au corps et les oreilles sont courtes ; le port de la tête sur le cou est plutôt celui du cheval ; la présence du cheval est dénié par nombre d'archéologues pour la Mésopotamie avant le XVIIe siècle avt J.C. ; c'est à tort puisque le cheval est figuré sur des tablettes de Warka de Ourouk IV, sur des outils en os de Suse de même époque, sur des tablettes proto-élamites de Suse, (3.200-3000 avt. J.C.), par une figurine en aragonite d'Aghnil (p. 17). Il est cependant possible que le cheval importé du plateau iranien, n'ait pas fait l'objet d'élevage en Mésopotamie, avant les Assyriens. Nous avons encore à signaler un vase peint de 0m.,52 de hauteur ( pl.XXI ) , à panse haute, colorée en rouge, puis de bandes noires ; au dessus, jusqu'au col, sont quatre hexagrammes, figure à 6 sommets reliés par une ligne continue ; cette figure se rencontre sur les tablettes proto-élamites, comme signature de scribe ; elle est moins célèbre que le pentagramme ou que le sceau de Salomon, qui est aussi un hexagramme, mais qui présente des sommets reliés par trois. Dans cette figure, les six côtés sont égaux ; dans la nôtre, deux de ces mêmes côtés sont remplacés par des diamètres du cercle circonscrit.

Nous avons recueilli dans ce niveau, quelques armes, un miroir, une poignée de canne en cuivre, quelques figurines de terre cuite, une collection d'empreintes de cylindres sur bouchons de jarres en terre crue, quelques cylindres cachets.

Citons encore de ce chantier, un fragment de vase en bitume taillé, portant figuré en léger relief un motif souvent trouvé sur les vases peints : demi-cercles concentriques, séparés par des champs de deux en deux rayonnés. (Musée de Téhéran).

III- TEPE BOUHALLAN

A)- Tépé Bouhallan A.

Nous avons terminé le grand sondage commencé la saison précédente en descendant sur la moitié de sa largeur jusqu’au sol naturel ; (0m.,50 plus bas que le premier sondage – soit 18m.,30 à partir du sommet.) Sur les 2m.,50 de hauteur de travail, nous avons trouvé :

1o - tiers supérieur : fragments de poterie peinte ou non, assez nombreux ; gobelets, écuelles, marmites, petits cratères, grands gobelets (p.18) à pied creux, poterie grossière, à pâte rugueuse, peinte ou non, rouge, noire ou grise ; balles de fronde terre cuite, lames de silex avec traces de bitume, lame de silex retouchée pour lui former une soie d’emmanchement.

2o- tiers moyen ; les fragments de poterie deviennent plus rares ; à signaler : fusaïole peinte ; fragments d’un très grand vase de 0m.,015 d’épaisseur ; une marmite, une coupe avec croix de Malte peinte à l’intérieur ; un cornet à fond pointu ; des gobelets avec des bandes dans le sens de la hauteur.

3o- tiers inférieur ; fragments très rares ; marmite de 0m.,01 d’épaisseur, décorée de bandes circulaires, dont deux sont réunies par de courts traits verticaux ; col de marmite, fragment de sabre ( ?) en terre cuite avec peintures, gobelet à bandes peintes dans le sens de la hauteur du vase ; fragment de grand gobelet avec de la peinture en relief ; fragment de petit cratère ; poterie jaune grossière, poterie rouge à engobe.

La coupe de ce tell montre des sols de chambre ou de silos, des fours jusqu’à une profondeur de 5m. (soit 1m. environ au dessus du travail précédent.

B)-Tépé Bouhallan B.

Ce site est à environ 3km. au Nord-ouest du précédent, et un peu moins loin de Suse que celui-ci. La butte principale, un peu allongée (70m. sur 60m.) a une douzaine de mètres de hauteur ; elle est entourée de nombreux tertres, et vers l’ouest se trouve un tépé moins important ; en surface de ce site, on trouve de la poterie islamique et des briques cuites, des fragments de poterie sassanide et de la poterie peinte.

Une tranchée de 2m. de largeur est descendue, de 4m.,35 sur une longueur de 6M. Nous avons trouvé au début un niveau islamique puis un (p.19) mélange de poteries sassanides, parthes, séleucides. Les vases sassanides sont de grandes jarres à fond rond ; du niveau arabe, collier et cornaline inscrite au nom des imams ; plus bas, vers 3m. de profondeur, lames de faucilles et faucille en terre cuite, fragments de vases d’Ourouk IV, mais il y a encore un fragment d’écuelle émaillée sassanido-parthe ; plus bas, vers 4m. apparaissent des fragments de poterie peinte, plus ou moins grossière ; mêlée encore à de la poterie très belle, jaune clair, à bec cylindrique au dessous du col, ou col de vase se terminant par un repli vertical ; un bouchon de jarre en terre crue, une grande écuelle blanche ; à 4m.,30, fragments de petits cratères Suse I, de gobelets, balle de fronde.

Conclusions.

Notre campagne a été raccourcie par le manque de fonds dû à la dévaluation du franc, et par la nécessité de réparer notre matériel roulant ; les nouveaux chantiers n'ont pas pu fournir leur appoint, en raison du temps de préparation nécessaire et les anciens moins actifs à cause de l'ouverture de nouvelles tranchées n'ont donné qu'au prorata de leur exploitation. Les ouvriers mettent environ huit jours à reprendre les habitudes des outils, et cette période a plus d'importance pour une campagne courte ; nous avons cependant 53 numéros d'inventaire pour Tchogha Zembil et 186 pour Suse et Tépé Bouhallan ; nous avons transporté à Téhéran 17 caisses d'antiquités ; le détail en est reporté aux annexes de notre rapport. Après le partage, huit caisses ont été faites pour être adressées directement de Baghdad au Musée du Louvre ; elles sont arrivées le 17 Juin, et ont été remises au Département des Antiquités Orientales.

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