Cote conservation : F/17/17257 / Document original conservé aux Archives Nationales, Paris.
La Mission comprenait avec M. de Mecquenem, le Dr. J.M. Unvala, MR. L. Le Breton et Mr. Mahmoud Raad, contrôleur persan.
Les travaux de fouilles ont commencé le 28 Décembre 1933 et ont été arrêtés le 2 Avril, 1934. Le nombre des ouvriers employés a été de 530 le 1er Janvier, de 1046 le 1er Février ; de 1012 le 1er Mars ; de 1002, le 20 Mars ; de 190, le 31 Mars.
Les chantiers ouverts sont au nombre de dix (
pl.I, 1
) : deux sur l'Acropole, quatre sur la Ville Royale, deux sur la Ville des Artisans, un à Tépé Djafferabad, un à Tépé Djowi.
Ier chantier
Près du château
A- Puits élamite. Cette fouille au fond d'un puits élamite, aux parois garnies de murs en briques cuites, a été fréquemment interrompue par les pluies. Nous avons exploré deux mètres de profondeur sur toute la surface et plus de deux mètres sur la moitié de cette étendue. Il a été recueilli des fragments de cornes et oreilles des taureaux de l'Apadana, de fragments de vases achéménides en arragonite, l'un d'eux inscrit au nom de Xerxès, des morceaux de (p. 2) briques élamites inscrites.
B- Tranchée. Nous avons allongé et élargi la tranchée dans son niveau inférieur, c'est-à -dire sur les cinq mètres au-dessus du sol naturel. Nous avons déblayé quelques tombes marquées par des fragments de céramique peinte ; nous n'avons mis de côté que de petits échantillons de graines, quelques figurines.
IIe chantier (
pl.II, 1, 3 et 4
et
pl.V
)
Nous avons travaillé très activement au sud de l'Acropole, pour préparer une large exploration du niveau inférieur. Nous voulions trouver de nouveaux spécimens de l'écriture protosusienne, et, reconnaître l'édifice en briques crues, reconnu l'année précédente. Tout en conservant les niveaux de roulage de 1933, nous avons attaqué vers l'ouest, en élargissant la grande tranchée Morgan.
A- attaque vers l'est.
Du IIe niveau (0) Ã -3m.,90.
Nous avons vérifié l'exactitude de notre coupe de 1933. Les tablettes protoélamites ont été rencontrées à la partie supérieure, vers l'Est, et à la base de la tranchée, à l'Ouest. Nous avons reconnu de nombreuses tombes, en fosse, et recueilli des vases de terre cuite, des pierres diverses, des cachets et des cylindres, des perles de quartz et de pâte calcaire, des amulettes et de rares objets de métal. Dans un puits, nous avons trouvé les débris d'antéfixe (
pl.II,2
) et de frises en terre cuite d'époque séleucide (?).
De -3m90 Ã -5m80
À l'Ouest, presqu'au ras du sol, tablettes protoélamites, le plus souvent rectangulaires, portant un seul signe et quelques chiffres et une empreinte de cachet. Des bulles de terre crue avec des empreintes de cachets, sont presque carrées. Ces empreintes reproduisent des scènes des occupations journalières : travail de la terre avec des hoyaux en bois, transvasement de liquides, façonnage (p. 3) de poterie, etc. Nous avons reconnu de nombreuses tombes, surtout d'enfants ; le mobilier comprenait surtout des écuelles grossières, parfois des vases de pierre, des billes de marbre et de bitume, des disques de même matière, des clous ou quilles en terre cuite, des figurines d'animaux. Nous avons cependant trouvé deux colliers pour très jeunes individus, comprenant des perles de quartz, cornalines, marbre et roches diverses, séparées par des pendeloques en argent (
pl.III,1
) . Dans le premier, les pendeloques sont de petites croix aux branches égales ; le centre est occupé par un fleuron, sorte de marguerite, exécutée au repoussé sur une petite feuille de métal (argent doré ?) ; les branches sont garnies de petites plaquettes empruntées à des cristaux de stibine (sulfure d'antimoine) qui miroitent avec un éclair gris d'acier. Ces ornements sont fixés avec une pâte noire qui ressemble à du bitume.
Le deuxième collier comprenait sept pendeloques analogues, mais en forme de coeur, avec la pointe échancrée ; elles étaient garnies chacune de cinq petites plaquettes allongées, en métal doré et de stibine. La pièce principale de ce collier, était cependant un bijou en argent, fait de deux plaquettes rectangulaires, reliées par trois petits tubes verticaux, séparés par deux colonnes de perles de quartz, enfilées chacune sur une petite tige de cuivre. La plaquette supérieure est ornée de deux petites colombes en ronde bosse, se faisant face ; elles sont séparées par un ornement (?) formant bélière. Lors de la découverte, nous avons vu les perles de quartz, teintées en vert par l'oxyde et nous avons cru à des émeraudes. Ce collier comportait aussi plusieurs Dentales, et nous avons trouvé dans cette tombe une petite poignée en pierre, sans doute accessoire de quelque jouet, qui n'a pas laissé d'autre trace. Des petites poignées analogues se rencontrent dans les tombes de la (p. 4) IIIe dynastie d'Ur.
Le cuivre était très rare dans ce niveau ; nous avons recueilli quelques épingles à tête ornée et des aiguilles.
De -5m80 Ã -9m80
À l'exception d'un massif construit en briques crues, resté isolé à l'extrémité ouest de la tranchée, nous n'avons pas rencontré de constructions, prolongeant nos relevés de l'année précédente. Nous avons recueilli fort peu de choses dans les tombes, généralement garnies d'écuelles grossières. Signalons des boutons cachets à bélière, des figurines d'animaux en terre cuite, quelques outils en os, des vases en pierre, en bitume, des outils de potier en pierre, des faucilles en terre cuite. Dans un certain rayon, vers l'extrémité ouest, plusieurs tombes contenaient des plaquettes de terre cuite, triangulaires ou rectangulaires, des petits bâtonnets de même matière, au profil chevronné, réunis deux par deux par une extrémité, au moyen d'une petite barre percée d'un trou médian, et faisant avec eux un angle plus ou moins obtus. Ces petits objets avaient déjà été trouvés au même niveau antérieurement, mais en petit nombre ; ils avaient été interprétés par M. Jéquier, comme des amulettes rappelant plus ou moins des serpents. Cette explication ne suffit plus, en notant l'association avec des plaquettes en carré, rectangle et triangle, dont les sommets sont percés pour une fixation sans doute avec de petites chevilles de bois. Sans doute, nous savons que les petits clous en terre cuite, qui ne sont pas rares à ce niveau, sont des éléments de décor de parois en briques crues ; les fouilles de Warka ont permis de reconstituer une dizaine de mètres de ce décor. Mais à Suse, nous les rencontrons en paquets dans les tombes d'enfants. Ceux-ci avaient dû les trouver dans les ruines d'anciens édifices et s'en servaient comme des quilles (?). (p. 5) Il est possible que les petits objets qui nous intriguent soient également des éléments de décors pour des constructions réelles recueillis par des enfants, mais nous croyons plutôt qu'il s'agit de petits éléments de jeux de construction.
À la base de ce niveau, nous rencontrons des fragments de la poterie de Suse I, soit à engobe rouge, soit décorée de peinture.
De -9m.,80 Ã -11m.,80.
Nous avons trouvé des fragments de Suse I, quelques très petits vases entiers, une jolie petite cuillère, en marbre, quelques figurines de terre cuite. Nous n'avons pas trouvé de métal ; le cuivre était représenté à l'étage précédent, au dessus de Suse I, par un celt du type de Suse I, et un hameçon ; ce dernier mis à côté d'un hameçon en acier qui servait à notre contrôleur pour pêcher dans le Chaour, s'est trouvé lui être absolument semblable, à la matière près, sinon d'une plus grande pureté de lignes.
Cette absence de métal, la quantité de fragments de vases (
pl.III,2
) , l'absence de vases intacts, nous font croire que les tombes de Suse I, ont été systématiquement détruites dans le but de se procurer du métal. La rareté de celui-ci dans la couche supérieure prouverait qu'il avait encore trop de prix pour être prodigué, dans les sépultures.
B- attaque vers l'ouest
De IIe niveau (0) Ã -7m.
Le travail a été assez ingrat dans une région riche en tombes à écuelles grossières ; nous mentionnerons des vases en pierre, une tête de masse en bitume en forme d'aigle ou de hibou aux yeux incrustés, de manches d'outils en une matière ressemblant à du bitume, mais qui a pu être du bois. Parmi les vases en terre cuite, signalons une gourde en terre poreuse avec deux boutons (p. 6) de suspension. Dans un puits, nous avons trouvé des vases peints fragmentés de l'époque d'Agadé probablement, mais assez nouveaux de formes et de décor ; l'un d'eux est une sorte d'aiguière, avec un bec droit (
pl.IV
) .
De -7m., Ã -11m.80.
Fonds de silos. Fours de potier. Cachets archaïques. Fragments de la poterie de Suse I.
Ier chantier
Pointe Sud-ouest.
De -2m., Ã -5m.,50.
Nous n'avons fait qu'élargir un peu le chantier pour permettre de passer plus librement au-dessus de notre attaque ; il a fallu remuer d'anciens déblais et les trouvailles ont été rares. Dans la couche sassanide, nous avons eu un vase émaillé, dans les niveaux élamites, nous avons trouvé un caveau voûté et des vases funéraires. Nous avons recueilli de nombreux fragments de figurines.
De -5m.,50 Ã -12m.,50.
Ce chantier avait rencontré la saison précédente des tombes assez riches, du XXème au XXVème siècle avant notre ère. Cette fois, les sépultures ne sont apparues qu'à une profondeur de 2m.,50. La partie supérieure était occupée par des constructions ; nous avons déblayé un grand dallage en carreaux de briques, dans la partie nord de la tranchée. C'était sans doute un temple du XXème siècle avt. l'ère, qui fut ruiné à l'époque élamite. Nous avons trouvé de nombreux fragments de tablettes en terre crue, en mauvais état au voisinage ; ce sont en général des essais d'écoliers. Ce temple avait remplacé un édifice plus ancien, dont le niveau se place trois mètres au dessous ; du moins, c'est ainsi que nous interprétons la découverte (p. 7) de plusieurs statues de lion en terre cuite, cinq ou six (
pl.VI,2
) . L'une d'elles fut trouvée presque en place, renversée tête en avant, d'un socle en briques cuites. Elle était presque complète ; une patte de devant fut trouvée assez loin de l'ensemble. L'animal était assis sur le train de derrière, les pattes de devant verticales, la gueule ouverte ; la langue et le palais étaient peints de rouge vif ; les poils de la crinière, indiqués en relief, étaient soulignés de peinture noire. Les autres animaux ont été trouvés au même niveau et en alignement mais plus mal conservés ; les corps étaient creux, et leurs parois très minces ont été brisées en menus fragments. Il nous paraît probable que ces lions placés sur des socles alignés appartiennent au décor d'une façade. Les sépultures déblayées ont été rares du fait de ces édifices. Nous avons trouvé des sarcophages, avec leur mobilier ordinaire de vases de cuivre en mauvais état, des tombes en fosse du XXVème siècle ; nous avons recueilli des perles en pierre, des colliers en coquilles ; dans un tombeau se trouvait une statuette de gypse (
pl.VI,1
) , de trente centimètres de haut. La tête et les bras étaient rapportés et manquent. Dans un autre, une coupe allongée en arragonite était décorée de cercles en relief et d'une tête de bélier (
pl.VII,4
) ; l'ensemble rappelle les grandes coquilles travaillées en forme de lampe que l'on trouve à ce même niveau. Nous avons recueilli de beaux cylindres en roche, en coquille, en bitume, de nombreuses lames de faucilles en silex. Citons encore un petit taureau en pâte émaillée mais sans tête, et quelques figurines de terre cuite. Un grand vase de terre cuite était décoré de deux serpents en relief.
De -12m.,50 à -14 mètres.
Un espace à peu près de 4 mètres de large sur 15 mètres de long a été déblayé à cette profondeur ; à part un ancien puits sassanide d'alimentation en eau, il n'a rien été trouvé d'intéressant.
(p. 8) Donjon
Nous avons concentré sur ce point notre principal effort.
Nous avons déblayé entièrement le niveau de -3m.20 à -5m,60 et entamé le niveau de -7m.,70 à -9m.,60.
De -3m.,20 Ã - 5m.,60.
Nous avons trouvé dans la partie sud qui restait à explorer quelques tombes du XXe siècle, assez pauvres, trois caveaux voûtés de la période élamite la plus ancienne, et nous avons recueilli quelques vases. Nous avons reconnu un grand édifice en briques crues, remontant à la IIIème dynastie d'Ur. Nous avons déblayé des chambres, le mur extérieur du palais, ou du temple, en briques crues également mais avec un revêtement extérieur en carreaux cuits en parpaing. Dans les chambres, nous avons recueilli des tablettes de terre crue inscrites contrats, lentilles, cylindres, qui sont des listes de noms d'objets ou d'expressions. Une série de petits carreaux en terre crue, plus ou moins fragmentés portent des dessins au trait : personnages, parties de lion. Nous avons eu une petite tête humaine en ronde bosse, les cheveux très finement indiqués, une petite tête en bas relief, et de même un fragment d'un lion passant.
En bordure du tell, nous avons trouvé des jarres de terre cuite, sassanides et parthes, des pièces de monnaie, des cachets de basse époque. Dans un puits nous avons eu des vases sassanides, une jolie statuette en terre cuite représentant un dieu Terme (
pl.VIII,1
) .
De -5m.,60 Ã -7m.,70
Ce niveau entamé l'année précédente nous a fait espérer des tombes plus riches de la IIIème d'Our. Nous avons été déçus (p. 9) car nous n'avons trouvé de sarcophages que dans les régions extérieures à l'édifice dont nous venons de parler. Nous avons cependant rencontré quelques objets funéraires intéressants. Signalons trois vases en terre noire à décor incisé rempli d'une pâte blanche, encadré de bandes rouges (
pl.XII
,
XIII
et
XIV,1
) ; le décor est principalement la représentation d'oiseau, oie ou canard ; un vase en bitume comporte une anse (
pl.X
) ; plusieurs vases en pierre ; près d'un sarcophage se trouvaient deux bandages de roues ayant sans doute appartenu à un char (
pl.XV, 1 et 3
) . Ces bandages étaient fondus en plusieurs sections. Notre contrôleur a reconstitué un cercle complet avec quatre sections à peu près complètes, mais il nous semble que le bandage devait plutôt en comporter cinq. Celui que nous avions trouvé à l'Apadana en comportait certainement six. Près de cette tombe nous avons noté la présence de dents d'un cheval. Bien que nous ayons fait grande attention, il n'y avait pas d'autres os du squelette de l'animal. Nous avons recueilli des tablettes en terre crue, des cylindres cachets, des colliers de perles de pierre et de pâte, un collier de perles dorées, une petite tête de poupée en ivoire (
pl.XV,2
) , des armes et des vases de cuivre, des moules de fondeurs en pierre, des petits poids de balance en hématite.
De -7m.,70 Ã -9m.,60.
Nous avions trouvé l'an dernier à ce niveau des tombes en fosse avec mobilier de Suse II. Nous en avons trouvé quelques-unes, mais seulement à la base de la tranchée. Ce niveau s'est montré presque stérile. Dans un puits de la IIIème dynastie d'Our, nous avons recueilli une cinquantaine de bulles triangulaires en terre crue, portant en général une ou deux lignes d'écriture et l'empreinte renouvelée plusieurs fois de cachets. Une ou (p. 10) deux bulles analogues étaient en forme de demi-cercle.
De -9m.,60 Ã -11m.
Nous sommes descendus à ce niveau sur une quinzaine de mètres de longueur et une largeur de 4 mètres. Nous avons trouvé quelques-unes des tombes de Suse II, avec mobilier abondant de poterie peinte ou non, d'armes de cuivre, de vases en pierre et en métal, des cylindres, des perles parfois dorées, des coquilles pour le fard, une imitation de coquille en cuivre, un miroir, etc.
Nous signalerons la trouvaille d'une coupe ou sébile en plomb. Elle était soudée par l'oxyde sur trois petites ailes, à angle droit sur une tige carrée en plomb, dont l'autre extrémité était pointue. C'était sans doute une lampe, montée ainsi sur un support qui pouvait se ficher en terre ou dans un mur vertical. L'an dernier, nous avions trouvé au même niveau du XXVe avant notre ère, une tige analogue en cuivre ; nous l'avions interprétée comme une broche à rôtir, parce qu'elle était séparée de la sébile de cuivre à laquelle elle devait correspondre.
Il est regrettable que nous ayons atteint trop tardivement ce niveau pour une exploration plus étendue.
IVe chantier (
pl.XIX,3
et
XX
)
Nous avons ouvert une grande tranchée, cent mètres de long, et 4 mètres de large, 4 m. de profondeur, de direction Est-Ouest, aboutissant à la limite de la Ville Royale regardant le N.O. À son autre extrémité, nous avons tracé une tranchée perpendiculaire vers le Sud ; celle-ci devant rejoindre les travaux Sassanides du chantier n° II (voir rapports précédents).
Nous avons trouvé des constructions arabes en briques cuites, des puits dans lesquels nous avons recueilli des fragments de poteries décorées, une aiguière émaillée complète ; au dessous (p. 11) se rencontraient des constructions plus anciennes en briques crues qui paraissent sassanides. Nous avons trouvé plusieurs tombes d'enfants dans des jarres de cette époque. Cependant la trouvaille de petits trésors de pièces de monnaie montre que nous avons atteint, surtout vers l'Ouest, des niveaux plus anciens. Un petit vase contenait en effet des pièces en cuivre de l'Elymaïde ; un autre, petite cruche émaillée à deux anses, contenait 90 pièces de monnaie séleucide en argent (
pl.XVIII,1
et
XXI, 1
) , tétradrachmes et drachmes. Ce dernier dépôt a dû être fait vers 190 avant J.C. Il renfermait des monnaies intéressantes dont quatre paraissent absolument inédites. Nous avons trouvé un visage de calcaire blanc, presque grandeur nature (
pl.XIX,1
) ; il s'agit d'un homme à longues et fines moustaches, à la barbe en pointe ; l'absence de diadème fait supposer qu'il ne s'agit pas d'une représentation de roi, mais plutôt de celle d'un des magistrats de Suse grécisant qui se prolongea jusqu'à la fin du premier siècle de notre ère. Une figurine en terre cuite, buste de femme portant sur la tête une sorte de corbeille (
pl.XIX,2
) ; bien que le travail du modeleur fut très poussé, la terre cuite avait été remise à un décorateur qui sur fond blanc avait peint tous les détails ; il reste encore de la couleur bleue sur les vêtements. Quelques figurines en os, des cachets. Dans les puits de la verrerie arabe, une petite cruche arabe, portant plusieurs lignes d'écriture hébraïque. Dans un vase était une coquille d'oeuf, complètement inscrite à l'encre de la répétition d'un mot mandéen de quatre lettres (
pl. XIX, 4
) . Une petite tête en pierre, d'un joli travail mais d'époque indéterminée, des figurines, etc.
Chantier n° V
À la pointe Nord-Est de la Ville Royale, qui se présente comme un plateau semi circulaire, vers l'extérieur, nous avons voulu reconnaître (p. 12) s'il ne se trouvait pas là une construction sassanide correspondant à celle de l'angle sud. Nous n'avons pas été jusqu'à ce niveau. Nous sommes restés dans des constructions arabes, avec intercalations de tombes du Xème siècle. Les orientations des corps étaient Est-ouest, comme le rite musulman ; nous avons recueilli des bijoux de cuivre, des bracelets de verre, des pièces de monnaie.
Nous avons eu deux chantiers successifs, précisément en face de l'angle de la Ville Royale, dont nous venons de parler. L'un à une centaine de mètres vers l'intérieur des ruines, l'autre en bordure. Le premier était établi sur une éminence au centre d'un plateau d'environ soixante mètres de côté. Il fut déblayé la base et les fondations d'une sorte de tour. La construction était très soignée en briques cuites. Comprenant qu'il s'agissait d'un édifice important que nous n'avions pas le temps et le moyen de reconnaître complètement, nous avons recouvert nos travaux pour une future opportunité. Le second chantier était au contraire parfaitement adapté à nos désirs. Il mesurait cinq mètres sur sept. A la profondeur de un mètre environ, nous trouvions une sorte de fosse rectangulaire, profonde de 1m.,50, dans laquelle on avait vraisemblablement réenterré ce que l'on avait trouvé dans un travail de cimetière. Il y avait beaucoup d'ossements, de débris de vases, des perles de collier, des pièces de monnaie, des figurines en os et des morceaux nombreux d'un grand sarcophage émaillé en bleu, décoré de petites figures en relief ( pl. XXIV,1 ) . Nous pensons que ce sarcophage était d'époque parthe. Au voisinage de cette fosse, nous avons trouvé un escalier d'accès (p. 13) à un caveau voûté sassanide, en briques cuites. Il renfermait des vases émaillés ( pl.XXIII,1 ) , des bouteilles de verre et de terre cuite, quelques bibelots.
Les résultats des fouilles de Néhavend, à Tépé Giyan, nous ont engagé à reprendre des travaux à tépé Djafferabad ( pl. XXV, 1 et 2 ) , qui paraît le seul point de la région où la céramique de Suse I se trouve alliée avec celle de Suse I bis. Ce tépé se trouve à 9 kilomètres de Suse par la route. M. Le Breton a particulièrement surveillé ce chantier tout en assumant la surveillance du Donjon. Le tépé formait au-dessus du Chaour, le point principal de l'enceinte d'un village arabe datant des Abbassides. Nous avons largement échancré ce tépé depuis son sommet, vérifiant la coupe obtenue à deux reprises. Au sommet constructions arabes dont les fondations en briques crues pénètrent profondément dans le massif. Nous avons trouvé à 3m. au dessous du point culminant une tombe de Suse I en place, avec des vases peints entiers et un miroir de cuivre. Au dessous nous trouvons une poterie grossière avec le décor de Suse I bis, borné à des représentations géométriques, pas d'animaux ni de végétaux. Les objets sont des fusaïoles, des figurines de terre cuite, des broyeurs et des masses de pierre ou de bitume, tels que l'on en trouve à Suse même au-dessus de Suse I. Sur les flancs du tell se trouvaient de nombreux fragments de Suse I, et des fragments de Suse I bis plus fins que ceux de la base de la coupe et avec représentations d'animaux. Cette fouille a donné cinq beaux cachets.
Ce tépé se trouve au dessus de la source du Chaour. Il est à environ trois kilomètres du précédent. Cet éloignement nous a (p. 14) empêché de suivre les travaux de très près ; le temps nous a manqué du reste pour obtenir une coupe complète et nous n'avons pas pu partir du sommet du tell à cause de la présence de tombes relativement récentes. Quoiqu'il en soit, les résultats représentent la partie moyenne de cette ruine. Les objets, broyeurs, masses, fusaïoles, sont les mêmes que ceux de Djafferabad. La céramique ( pl. XXV,3 ) est plus analogue de pâte et de technique de décor à celle de Suse I. Les formes sont cependant différentes comme les décors. M. Le Breton a pu reconstituer plusieurs vases et nous avons trouvé deux vases entiers. Parmi les fragments intéressants, signalons un archer primitif vêtu d'un pagne, dans le fond d'une coupe ( pl. XXVI ) , et d'autres figures qui pourraient être interprétées comme féminines à cause de longs cheveux et de larges pantalons. Nous n'avons trouvé ni cuivre ni cachets.
Nous avons fait une excursion à Eiwan-i Kerkha, sur la rive droite de la Kerkha, dans les ruines sassanides attribuées à Sapor Ier ( pl. XXVII, 3 ) . Nous avons fait de rapides observations et trouvé dans un monticule un fragment de poterie peinte de Suse I. Notre contrôleur, M. Mahmoud Raad, visitait pendant ce temps des buttes artificielles situées à 2 km en aval. Ces ruines étendues et occupée il y a peu de siècles, puisqu'il se trouve là un imam-zadeh, ou tombe à tour conique, sont connues sous le nom d'Halvemash. Le contrôleur a également trouvé un fragment de poterie peinte préhistorique. On nous a apporté également des fragments de poterie peinte de ruines située en face de Suse, sur la rive gauche de l'Ab-é Diz ; on voit que l'exploration des environs de Suse (p. 15) à peine ébauchée est susceptible de renseigner très précisément sur la civilisation du IVe millénaire.
Inventaire
L’inventaire des antiquités remarquables recueillies pendant la saison, a été préparé en sept opérations. Il comprend 683 numéros correspondant à plus de trois mille objets. Nous y remarquerons 314 cylindres et cachets entiers, 45 fragmentés. De plus nous noterons 626 tablettes inscrites, 50 fragments de briques inscrites ou à reliefs.
Nous avons préparé pour le transport à Téhéran, en vue du partage, 36 caisses d’antiquités. -4 caisses se rapportent à des fragments d’un grand sarcophage émaillé parthe, 2 contiennent chacune un grand vase ; ces objets étant trop volumineux pour être transportés en France économiquement, étaient destinés au Musée de Téhéran sans partage.
Le partage a eu lieu à Téhéran le 22 Avril, présidé par Son Altesse le Président du Conseil. Le lot B fut attribué à la France ; il fut emballé en 17 caisses. Voici l’énumération des pièces de Musée, dont les photographies sont jointes à notre rapport avec leur attribution.
A (Téhéran) B (Louvre)
Fragment de vase en bitume Vase à anse bitume
Buffle accroupi dito Oiseau Dito
Statuette gypse Visage de statue Calcaire
Vase à décor incisé terre cuite Vase à décor incisé Terre cuite
Dito (fragmenté) Petite coupe Arragonite
Buste de femme Dito Dieu Terme Terre cuite
Bijoux argent et antimoine Bijoux Argent et antimoine
Pendentif argent Collier perles dorées
Bandage de roue cuivre Fragments de bandage de roue
Gros lion terre cuite peinte Fragments de lions Terre cuite
Tête de gargouille terre cuite Antéfixe Terre cuite
Diadème clinquant or Epingle à tête dorée
Femme peinte sur vase Suse I Archer peint sur Vase Suse I
Lionne allaitant ses petits (t.c.) Statuette sans tête - Our III- (tc)
Petite grenouille – cornaline- Petite grenouille - Arragonite