Cote conservation : F/17/17255 / Document original conservé aux Archives Nationales, Paris.
Au cours de cette campagne il a été procédé à l'achèvement du déblaiement du Palais des rois Achéménides, à des sondages dans les fondations de cet édifice, à une fouille en profondeur au-dessous du parvis central ; d'autre part l'exploration de la Nécropole à l'est du palais a été activement poussée.
Nous allons exposer successivement les principaux résultats obtenus en ces différents points.
C'est en fin de saison 1908 que nous attirions l'attention de M. S. de Morgan, alors délégué général sur un affleurement de béton composé de mortier de chaux et de fragments de briques cuites et recouvert d'un bel enduit d'ocre rouge mis à découvert par les pluies au sud du tell dit de "l'Apadana".
M. de Morgan, qui n'est plus revenu à Suse ensuite, nous prescrivit de faire en ce point des travaux d'essais.
En 1909, avec M. Toscanne comme adjoint, nous déblayons le parvis Ouest et en partie les dalles adjacentes ; en 1910 et 1911, avec M. Pézard, le parvis central et la grande salle de l'Ouest ; en 1912 avec M. Tocanne de nouveau furent déblayées les dalles et circulations au Nord des parvis. Le déblaiement avait été arrêté presque partout au niveau du béton coloré, de manière à respecter les assises inférieures des murs constituées par un ou deux lits de briques cuites. Chargé de la (p. 2) direction des fouilles à Suse, nous fîmes appel à M. Pillet, alors jeune architecte diplômé pour effectuer le relevé général du palais et surveiller les recherches complémentaires. M. Pillet fit un beau travail personnel exposé au Salon de 1914, et dont il entretint l'Académie à cette époque.
Le travail de déblaiement de la partie orientale du palais fut poursuivi en 1914, amena la découverte de quelques seuils de porte et de parcelles de dallages. En 1921 fut déblayé l'angle Nord-Est. En 1922, ce déblaiement fut achevé retrouvant trace de constructions secondaires au Nord d'une porte principale de l'enceinte orientale. (Fig.
2
et
5
)
À part un massif témoin laissé au-dessus de l'enceinte elle même au Nord Est, le déblaiement est terminé (
Fig. 1
) .
Nous remettons ci-joint un premier relevé général (
plan 2
) pour faciliter nos explications, nous réservant de le corriger s'il y a lieu par de nouvelles vérifications ; l'étude des fondations commencées dans la dernière campagne est d'autre part susceptible de fournir des renseignements complémentaires.
En 1911, dans le Bulletin de la Délégation en Perse (Fasc. II), nous avons attribué le palais au roi Darius Ier. Les parties alors découvertes semblaient trop éloignées de la salle hypostyle d'Artaxerxès Mnemon pour n' en être pas indépendantes ; l'exemple de la terrasse de Persepolis sur laquelle chacun des grands souverains Achéménides avait tenu à construire un palais personnel nous permettait de croire au même usage à Suse ; l'abondance des inscriptions sur pierre, sur briques, (p. 3) au nom de Darius, la trouvaille surtout d'une grande tablette de fondation, du même roi rendait l'attribution vraisemblable.
Cependant au fur et à mesure de l'avancement des travaux au Nord, les parvis et les circulations se rapprochaient de la salle hypostyle ; le palais prenait l'extension d'une véritable habitation, analogue à la demeure impériale des Assyriens à Khorsabad.
Il a du être occupé par tous les souverains achéménides depuis Darius jusqu'à la conquête d'Alexandre, par conséquent bien souvent réparé et remanié dans les détails.
Le plan remis est donc le relevé général de ce qui subsistait au-dessus du terrassement recouvert de gravier, au niveau de 17 m au-dessus du plan aquiféré.
Ce terrassement devait être rectangulaire mesurant environ 270 m. de l'Est à l'Ouest, de 150m. au moins du Nord au Sud, et présentait un décrochement Nord de 120m du côté correspondant à la salle hypostyle.
Les pierres de fondation des bases de colonnes de cette salle, sont établies au-dessus du niveau général du palais proprement dit ; le pavé de la salle devait donc être à 0m50 environ plus haut que celui des appartements.
La salle hypostyle a été complètement déblayée sauf un témoin entre le 5° et le 6° rang de colonne à l'Est. Dans le but de rechercher les traces du mur de séparation entre la grande salle et l'aile droite, il a été déblayé quatre bases de colonnes du portique oriental, jusqu'au 6° rang des colonnes (p. 4) à base carrée : une de ces bases avait été trouvée par un sondage de M. Jéquier, une autre par un sondage de Loftus, les deux autres étaient seulement supposées. Il a été reconnu que les fondations parthes descendaient là au-dessous de fondations du portique et qu'il était impossible de retrouver de traces du mur de séparation. Loftus et M. Jéquier après lui avaient échoué également dans la même recherche. M. Dieulafoy et ensuite M. Pillet ont cependant restitué les grands murs ; je pense qu'ils ont eu raison et en particulier parce qu'il était de toute nécessité d'accéder facilement sur la terrasse des toits non seulement pour en jouir, mais encore pour les travaux de réfection. Ces escaliers auraient tout naturellement leur place dans l'épaisseur des murs, (épaisseur probable = 5m50).
Le déblaiement total effectué au Nord de la grande salle n'a retrouvé aucune base de colonne d'un portique Nord.
Il a été retrouvé très peu des chapiteaux aux taureaux opposés ; M. Dieulafoy en a rapporté un très beau au Musée du Louvre, M. Jéquier en a trouvé un ; les débris d'un troisième existent dans la salle hypostyle, un autre dans une tranchée au Nord de l'Apadana ; Nous en avons retrouvé un cinquième, seulement un peu moins bien conservé que celui du Louvre (
fig. 7 et 8
) ; il gisait à l'Est du portique oriental à côté du dernier élément de fût de colonne qui s'y rapportait (
fig. 9 et 9 bis
) ; les cannelures du fût s'arrêtent en effet à trois centimètres de l'extrémité de moindre diamètre. La longueur de l'élément était de 2m95, son diamètre à l'extrémité 1m39, (p. 5), ce qui donne pour son poids approximatif une dizaine de tonnes.
Il a été retrouvé deux fragments importants des oreilles en pierre qui étaient rapportées au moyen d'un tenon carré scellé au plomb.
On sait que les cornes étaient également rapportées et en pierre.
Il a été remarqué que les fragments de pierre brisés au cours de la sculpture étaient remis en place au moyen de tenons en plomb, et qu'il reste dans les cannelures du fût de colonne des traces d'un enduit qui avait pour but de dissimuler les imperfections du travail et protéger aussi la pierre très fissile, contre l'humidité.
Comme on le voit sur le plan, le palais proprement dit a beaucoup d'analogies avec celui de Khorsabad et doit être restitué dans le même esprit en élévation. J'attirerais l'attention sur la nécessité de prévoir des accès aux terrasses, et je verrais la place des escaliers dans l'épaisseur des plus gros murs.
On remarque que les grandes circulations vont de l'Est à l'Ouest, c'est-à -dire viennent de la Ville Royale ; une grande allée carrelée accessible aux chars, amenait au parvis central ; elle était bordée de dépendances mal conservées.
Les appartements royaux plus fermés entouraient le parvis de l'Ouest.
À l'Ouest et au Sud, le mur d'enceinte était bordé d’un (p.6) canal facilitant l'approvisionnement en eau potable. Les eaux de vidange et les eaux de pluies étaient sans doute éliminées par des puits de drainage descendant jusqu'au plan d'eau.
Il ne reste rien de l'enceinte Sud ; l'enceinte orientale était bordée d'un long mur droit en briques crues, dont il a été retrouvé les fondations du parement en briques cuites.
Les murs du palais étaient en briques crues recouvertes d'un enduit intérieur ; la principale décoration était sans doute des parements en briques émaillées, composant panneaux aux multiples décors.
Il n'a jamais été retrouvé dans nos fouilles de panneaux complets en place, mais le plus ou moins grand nombre d'éléments d'un même sujet au même lieu permet des conjonctures ; c'est ainsi que sur le parvis Ouest devait exister le séparant en deux un mur Est-Ouest décoré de panneaux représentant des griffon ailés.
M. Dieulafoy a retrouvé des briques émaillées d'archers qu'il a rapportées au Louvre dans une tranchée qu'il avait faite, au nord de la grande porte orientale, et en déblayant complètement le terrain à cet endroit nous en avons trouvé quelques éléments. Les très nombreuses briques rapportées par M. de Morgan ont été trouvées à l'Est de cette même porte en dehors du palais réemployées dans la construction d'aqueducs ; des briques d'archers plus petits et sans relief ont été trouvées sur le parvis de la salle (A) à l'Ouest, et les briques de griffons à tête (p. 7) humaine et globe ailé au Nord Est du parvis ouest.
M. Dieulafoy a reconstitué deux panneaux en carreaux de briques cuites portant sur une face rectangulaire un relief : ces panneaux représentent un lion ailé et un griffon ailé. Nous avons trouvé un grand nombre d'éléments de panneaux semblables ou analogues. Sur la face opposée au relief sont une à trois bandes étroites en saillie, et sur une face adjacente un rebord également saillant ; ces dispositions servent à ménager l'espace réservé au mortier de sorte qu'il n'y ait pas dans la composition de joint vertical apparent. Les briques de cette nature ont été trouvées principalement dans les fondations du mur d'enceinte oriental (
Fig. 28
) ; il en a été également retrouvé dans la composition des dallages du palais déblayé au Nord-Est (
fig. 2
) . Beaucoup de ces reliefs portent les traces d'un enduit assez épais et coloré. Leur réemploi dans les constructions nous en font attribuer à Darius.
Rappelons enfin qu'il a été trouvé en 1913 quelques fragments d'une grande statue achéménide ; partie de visage, pan de robe et pied chaussé.
Dans les travaux de déblaiement, il a été rencontré d'assez nombreuses tombes parthes ; parmi les objets les plus intéressants, je citerai une grande coupe en argent en forme de barque, une inscription grecque sur un fragment de socle en calcaire blanc (
fig. 10
) ; un fragment d'inscription grecque sur marbre blanc, appartenant à une tente dont une partie avait déjà été découverte en 1908.
(p. 8) Sondages au-dessous du niveau du palais :
Nous avions eu l'impression en regardant le relevé général du palais que toute l'aile orientale où l'on ne trouvait pas de parvis bétonné avait été remaniée ou même ajoutée au plan primitif : d'autre part on pouvait se demander si les rois achéménides n'avaient pas établi leur palais sur les ruines des demeures royales élamites encore inconnues ; un sondage en profondeur de la terrasse était donc à notre programme.
Un sondage de 20 m de longueur, de 3m de largeur fut pratiqué au-dessous du carrelage du parvis Ouest. Il rencontra un remblayage de gravier remanié, mêlé à des fragments de briques émaillées jusqu'à une profondeur de 2m50. La fouille fut alors réduite à six mètres de longueur dans sa partie médiane ; la profondeur fut poussée à 4m, on atteignit alors l'argile du noyau de terrassement, dans laquelle se trouva (sic) des vases funéraires analogues à ceux que l'on obtenait trois mètres plus bas à l'Est du palais dans la nécropole.
Une tranchée (I) à l'Est du parvis central descendit à 2m. de profondeur sur 50 m. de longueur, avec une largeur variant de 4m. à 6m. ; elle traversa un radier de galets au-dessous de l'allée carrelée (rétablie en H), venant de la porte Orientale et à la base on retrouve des vases funéraires.
Une tranchée (II) à l'Est de celle-ci fut poussée à 3m50 de profondeur et rencontra en particulier à ce niveau, un sarcophage en terre cuite en forme de "baignoire renversée" (p. 9) de 1m24 de longueur sur 0m58 de largeur maxima ; au-dessous on trouva les restes de deux individus et on recueillit une sébile de bronze, dans le reste de la tranchée, au même niveau, se trouvaient des vases funéraires.
Une tranchée (III) beaucoup plus à l'Est, rencontra un gravier remanié (mêlé de fragments de briques et de poterie) et des éboulis de fragments de briques ; elle déblaya une construction en briques cuites soigneusement jointes au bitume, dont le sommet affleurait presque au niveau supérieur (0) et dont le socle rectangulaire (3m70 sur 1m50) reposait au niveau.
Au-dessus du massif de base de 7 briques de hauteur, il était réservé un canal longitudinal de 0.20 de largeur en bas, de 0.40 en haut ; il était fermé sur le dessus par des briques placées à champ et entrée de coin, à la réserve d'une ouverture de 0.60 sur 0.33 de largeur. La construction très soignée et imperméable, devait se rapporter à un réservoir citerne. (
fig.6
) . Dans la construction se trouvaient des briques émaillées et des briques estampillées au nom de Darius.
En avant et affleurant au niveau -2m, fut déblayée une fondation de base de colonne analogue à celle de l'Apadana, mais de dimension moins considérable ; elle était formée par la juxtaposition de deux pierres en calcaire bitumineux, jointes au plomb et taillées de manière à dessiner une face supérieure carrée de deux mètres de côté ; à peu près plane avec un évidement (p. 10) central circulaire d'environ 1m de diamètre et 0m10 de creux. (
fig. 4
) .
Une tranchée IV, perpendiculaire à la tranchée III retrouva à la même profondeur, en tout huit pierres, analogues, alignées avec l'orientation des lignes E.O. du palais ; les pierres des deux extrémités étaient distantes de la suivante d'environ 10m, les six autres pierres étant à des intervalle d'environ 7m. Les pierres extrêmes s'alignent sur l'axe par une diagonale de leur carré supérieur, les diagonales de deux des autres pierres faisant 45° avec cet axe (
fig. 3
) . Il ne s'agit pas là d'une salle hypostyle, la tranchée IV en prolongement de la tranchée III, n'ayant pas rencontré de pierres analogues. Il est possible que des lignes de fondations se retrouvent perpendiculairement à partir des pierres extrêmes, ce que semblerait indiquer leur orientation ; c'est une recherche à faire.
La tranchée V, comme la tranchée III a montré un remblayage assez hâtif de graviers et de fragments divers ; il a été recueilli de nombreux fragments de briques émaillées, et un fragment de stèle en pierre avec une inscription pleine de fautes de scribe, au nom d'Artaxerxès. Il n'a été retrouvé aucune trace de colonnes elles-mêmes. La profondeur de ces pierres de fondation rend difficile la supposition que la ligne de colonnes put se rapporter au palais établi sur le Niveau 0 ; il est donc probable qu'elle appartenait à un palais plus ancien. (p. 11)
L'extrémité de la tranchée V à l'Est, rencontra de nombreux vestiges de canalisations en briques cuites jointes au bitume de même style que le réservoir noté dans la tranchée III.
La tranchée IV rencontra des dallages à 1m50 de profondeur avec une autre orientation que celle du palais.
Fouille du Parvis Central
Voir
plan N° II
Le parvis central était dallé en carreaux de briques cuites de 0m33 de côté, et bordé de murs d'environ 3m65 d'épaisseur ; la terrasse de gravier s'arrête un peu au-delà , maintenue verticalement par un mur en briques crues monté dans une fouille pratiquée dans l'ancien tell ; l'intervalle entre le talus de la fouille et la brique crue est remblayé par de la terre fine peut-être ancien mortier.
L'épaisseur du gravier à cet endroit doit être de 11m. Elle est donnée par un puits creusé à l'angle sud-est de la grande salle adjacente à l'est.
Il n'y avait pas de gravier sous le carrelage ; immédiatement au-dessous des briques, il fut trouvé deux coupes de bronze très oxydées avec ornementation florale au repoussé ; à 0.30 de profondeur on retrouvait déjà des tombes, avec mobilier de vases funéraires (
fig. 11
) parfois en terre cuite émaillée et des amphores ; et bientôt la voûte en partie effondrée d'un grand caveau funéraire (A,
fig. 12
) . Longueur 5m, largeur 3m - hauteur 3m hors œuvre - soigneusement construit, orienté à peu près est Est-Ouest, magnétique ; il avait une porte sur la face Est en (p. 12) avant de laquelle était une petite case entourée de murs (0.87 intérieur) contenant quelques os de mouton.
L'intérieur du caveau lui-même renfermait les restes de nombreux individus ; le mobilier de vases en terre cuite avait beaucoup souffert de l'effondrement de la voûte ; on recueillit cependant un vase en pâte blanche émaillée, un cylindre cachet, un petit outil de bronze, une hache polie en roche dure.
Au niveau - 2m - apparurent sur la surface dégagée des traces de murs en terre crue entourant une salle carrée ; les murs furent isolés et la chambre explorée soigneusement sans résultat appréciable ; il y avait là peut-être une chapelle funéraire. Un tombeau voûté (B,
Fig. 13 et 14
) en briques cuites (dimension 3m x 2m) fut déblayé au Sud-Est : une petite chambre en avant de la porte (à l'Ouest cette fois) contenait trois petits vases en terre cuite ; dans le caveau furent reconnus quatre crânes et recueillis quatre petits vases ovoïdes en terre cuite noirâtre.
Un autre tombeau analogue (D) fut fouillé à peu près au même niveau, il contenait deux corps, quelques vases, une bague de bronze (
fig. 17
) . Parmi les nombreux vases funéraires trouvés dans cette première partie de la fouille, signalons : un vase en poterie jaune enduit intérieurement de bitume (H.0.39 – D.0.38) fermé avec une poterie rouge retournée ; au pied du vase furent recueillis une lame de silex et un nucleus ; à l'intérieur du vase se trouvaient les restes de deux enfants, et de petits jouets ou ex-voto de terre cuite aussi bien conservés qu'au sortir du magasin du potier : c'étaient trois figurines de femme (p. 13) nue parée et haut coiffée tenant ses seins, une figurine de musicien nu et barbu jouant de la viole, et un petit lit à quatre pieds (
fig. 16
) .
Un groupe de cinq vases analogues pourvus de couvercles troués à leur sommet ; une petite bouteille ronde en terre cuite était posée sur l'un de ces trous ; dans un des vases étaient les restes de deux enfants séparés par un broyeur à grain, et une figurine de terre cuite ; dans un autre, un squelette d'enfant et un petit vase. Non loin, un squelette d'adulte était couché sur un lit de brique, et près de lui de petits vases de terre cuite, des perles, une perle cachet en pâte, des anneaux de bronze (
fig. 18
) .
Une autre tombe contenait des perles dont 8 en or, deux bracelets en argent, un vase haut en bronze : un grand vase de 0.60 de hauteur et d'ouverture renfermait encore deux crânes et un bracelet de bronze.
Signalons encore du même niveau, quelques lots de tablettes inscrites (contrats), et la présence générale de pierres polies en forme de hache et de marteaux ; on trouve du reste fréquemment dans les vases funéraires ou à leur pied des cailloux arrondis, galets, paraissant avoir été des oursins fossiles.
Entre 2 et 4 m de profondeur :
Au-dessous du tombeau voûté B, se trouvait un autre caveau C plus petit à peu près carré (L.l.=1.60) renfermant les restes de deux individus dont un enfant et deux petits vases (p. 14) en terre noire. En allant vers le Nord, on recueillit près des vases funéraires de petites roues de char en terre cuite décorées de bonettes (sic) en relief ou de traits en creux ; des amphores, des broyeurs à grains ; enfin un grand sarcophage en poterie en forme de baignoire renversée, mais dont les parois extérieures au lieu d'être lisses comme celles rencontrées précédemment étaient renforcées par des moulures (
fig. 19
) .
Nous avons cru reconnaître deux squelettes à l'intérieur, séparés par un grand morceau de poterie ; au dessous de cette séparation près d'un crâne qui paraît avoir été coiffé d'argent se trouvaient de nombreux vases de bronze, et un miroir de bronze (
fig. 21
) . Près du tombeau on trouvait à l'extérieur une belle hache fondue en bronze, un anneau fondu sans soudure de même métal, un petit vase rond en terre cuite, des fragments de tablettes inscrites.
À un niveau un peu plus profond (4m50) on trouvait en bordure orientale de la fouille cinq sarcophages en poterie à peu près analogues (M I J K L du plan II) séparés par de petits murs en partie construits en briques cuites, délimitant des chambres d'environ 3m de dimensions, contenant aussi des vases funéraires ; cette portion était remblayée sur 1m50 d'épaisseur par des casseaux dans lesquels on recueillait des fragments de très belle poteries en terre cuite rouge, recouvertes extérieurement d'un bel enduit rouge foncé, présentant des trous de suspension au sommet des saillies sur la panse. (p. 15)
L'extérieur de ces sarcophages est décoré de moulures saillantes, et souvent peint au bitume.
Le tombeau M (dimensions : L.l. 1.02-0.60-h.0.40) renfermait un squelette les jambes repliées : des traces de feuille d'argent furent observées sur la poitrine ; on recueillit un collier de perles en cornaline, deux boucles d'oreille en argent, un bracelet de bronze, deux grands anneaux de cheville en bronze entourés d'une étoffe.
Près du tombeau L, on recueillait des vases de terre cuite, un bracelet de bronze, de petits cylindres de terre crue (H 0.10 – D. 0.05). Le sarcophage (H. 1m- l.0.63) contenait deux squelettes deux bagues de bronze, un vase de bronze.
Le tombeau I (
fig. 24
) la profondeur de 5m80, était plus important : (L .1.71- l. 0.70- h. 0.55) il était posé sur un lit de carreau de briques ; il fut recueilli à l'extérieur, une grande pointe de lance ou poignard de bronze, et des vases de même métal ; des vases d'albâtre et de bitume, et un plateau de bitume taillé qui mérite une mention spéciale
Il est circulaire de 0.28 de diamètre, avec un rebord de un centimètre de largeur, décoré de six plaquettes rectangulaires de coquille blanche fixées chacune par deux clous de bronze à tête dorée ; il est monté sur trois pieds rapportés avec tenons fixés par une ou deux chevilles de bronze ; chaque pied est un bouquetin sculpté en bitume, les pattes repliées contre le corps ; celui-ci raccorde au plateau par l'arrière (p. 16) train, tandis que la poitrine pose à terre, le cou est redressé et la tête droite ; les cornes bien enlevées vont rejoindre le corps par l'extrémité de leur courbure ; les poils du cou de la barbe sont bien figurés, de même que les marques de croissance de l'étui corné ; les yeux sont incrustés de blanc avec une pupille bleu clair. La hauteur de l'ensemble est de 0.185.
Le travail est plus soigné que d'ordinaire pour les objets de cette matière. Nous attribuons la date de fabrication au moins au XX° siècle avant note ère.
Ce précieux monument un peu fragmenté est presque complet (il manque une des plaquettes de coquille) ; il est en voie de réparation aux ateliers du Louvre.
À l'intérieur du sarcophage, un squelette était allongé, il fut recueilli deux bagues, deux bracelets, deux fibules de bronze, une coupe en argent, un vase de bronze.
Le tombeau J (L. 1.06-1.20 - l. 0.60–0.73- h. 0.36,) (
fig. 25
) renfermait un squelette paré de bagues et bracelets de bronze ; il était entouré de petits vases en terre cuite, en albâtre et d'objets de bronze.
Le tombeau K (L. 1.40 - l 0.94 – h. 0.70) renfermait un squelette : près du crâne était une sorte de double coiffe en argent, on recueillit cinq couvre-seins en argent, deux boucles de bronze ayant chacune une anse formée par deux mains rejoignant l'anneau principal, de grosses bagues de bronze, deux bracelets en argent, un bracelet en or très grossièrement ciselé. A (p. 17) l'extérieur du tombeau se trouvaient des vases de terre cuite et de bronze, nous citerons parmi ceux-ci un grand plateau à deux anses dont le rebord est rapporté par des rivures sur le fond et décoré au repoussé.
À 4.80 de profondeur fut trouvé posant à plat sur le sol au-dessus des restes d'un cheval de forte taille un bandage en bronze d'une roue de char formant un cercle de 1m05 de diamètre (
fig. 20
) ; il était composé de six sections. La périphérie demie circulaire en coupe, formait gorge vers l'intérieur, se prolongeant pour chaque section par trois paire de pattes triangulaires à sommet arrondi de 0.045 de largeur à la base, de 0.095 de longueur ; une paire à chaque extrémité et une paire médiane. Les pattes de chaque paire étaient reliées à l'extrémité par un rivet de bronze transversal, avec un écartement moyen de 0.03 ; cet écartement représente en cet endroit, l'épaisseur de la jante en bois de la roue. Il ne subsistait du bois que des traces charbonneuses dans la terre remplissant la gorge.
Posée en travers du cercle était une tige de bronze courbée un peu comme la ligne d'écriture dit "accolade", avec les extrémités recourbées en crochet et un anneau était fixé par un lien au milieu de la tige. D'après les dessins de Rawlinson, ce serait une pièce attachée à l'extrémité du timon et servant à lier les deux chevaux d'attelage.
Il fut enfin recueilli deux clavette en bronze ; gros (p. 18) clous terminés chacun par une tête fondue en forme de petit hérisson, dont les touffes de piquants sont remplacés par de petits cercles en relief ; un trou latéral permet de passer comme dans les clavettes actuelles utilisées en charronnerie, l'extrémité d'une lanière pour éviter que la pièce ne sorte de son logement dans les chaos.
Ces deux pièces sont de la force convenable pour l'usage mais le bandage de jante et le joug décrits plus haut ne paraissent pas suffisamment forts pour appartenir à un chariot réel. Le bandage ne permettrait le roulement que sur un carrelage à cause de sa trop faible épaisseur ; une jante de 3 centimètres d'épaisseur paraît faible pour le diamètre de la roue ; d'autre part le diamètre de la tige de bronze recourbée qui peut être de cinq à six millimètres sous l'oxyde, ne permet pas de supposer qu'elle ait servi pour des chevaux, et le lien qui la réunissait à un anneau, est un simple fil qui bien que faisant plusieurs tours ne pouvait avoir de résistance sérieuse. Si ces objets ont été utilisés, ce serait pour un char de parade supportant un faible poids, peut-être une statuette de divinité. Malgré cette restriction ces pièces sont fort intéressantes ; ce sont les premières du genre trouvées dans les fouilles de Babylonie et d'Assyrie ; le petit char en bronze à quatre roues connu de Toprak Kaleh, environs de Van, étant encore plus simplement représentatif.
Non loin de la roue fut trouvé un vase funéraire fermé par une écuelle renversée et renfermant les restes d'un très jeune enfant avec trois petits bracelets de bronze et une (p. 19) petite tête en pâte calcaire aux yeux incrustés d'argent avec une pupille bleue ; le front est également incrusté d'argent ; cette petite figurine était montée sur une tige d'argent.
Reposant sur le niveau -7 mètres, il a été déblayé deux grands tombeaux voûtés construits en grands carreaux de briques mal cuites, le plus souvent portant les inscriptions du roi Attapaksu pasteur des peuples, se référant à la dédicace d'un pont et d'un temple (fig.
22
et
27
) .
Près de l'un de ces tombeaux (F) (L. 3.25- l.2m – h. 1.64) on recueillit un vase de bronze, un vase d'argent très brisé, un anneau de bronze ; à l'intérieur, deux grands vases de terre cuite et quelques rares ossements.
Au dessus de l'autre (G) on ramassa des fragments d'os décorés de cercles au trait et qui alternant avec des plaques en bois noir, devaient décorer un objet mobilier ; à l'intérieur du tombeau on trouva calé avec des briques, une poterie de terre cuite peinte au bitume, analogue à celle des sarcophages décrits, mais cette fois, disposée l'ouverture en haut, et à l'intérieur quelques restes d'ossements avec traces d'objets en argent.
Le sarcophage présentait une particularité : à une extrémité était moulé dans la paroi vers l'intérieur, un cylindre vertical à trou axial ne débouchant pas. La cavité fut vidée sans résultat. (
fig. 26
) .
(p. 20) Dans le voisinage des deux tombeaux voûtés entre le niveaux 4 et 7, il a été recueilli d'assez nombreuses tablettes inscrites. Quelques-unes ayant la forme d'une grosse lentille portent un texte au recto et au verso. À l'examen du père Scheil, ces textes qui remontent à l'époque des rois d'Our, prédécesseurs en hégémonie du roi Hammurabi, sont d'une part quelques caractères sumériens, de l'autre le nom ou prononciation de ceux-ci en babylonien, et à la suite leur signification dans cette même langue. Le nom ou prononciation offrirait des variantes avec les vocabulaires analogues trouvés en Assyrie donnant les mêmes caractères. Ces variations sont d'un ordre tel qu'on ne peut les attribuer qu'à des différences de prononciation, correspondant à divers dialectes du sumérien qui serait décidément une langue parlée selon l'opinion d'Oppert contre celle d'Halévy.
Ajoutons à propos des tablettes trouvées dans cette fouille souvent en relation évidente avec l'inhumation qu'il n'a été rencontré aucun texte funéraire, mais surtout des contrats.
Plan N° III
- Le sondage en profondeur commencé l'année précédente en avant de l'angle N. E. de la terrasse de gravier et descendu à 12m80 en contrebas de cette terrasse a été continué et porté à 17 m. de profondeur. Il est probable que l'on est entré dans le sol primitif vers 15m40, sans en avoir la certitude. Le niveau aquiféré a arrêté le sondage à 17m (fig.
36
et
38
) . (p. 21)
Ce sondage a rencontré des tombes avec mobilier de vases en terre cuite (
fig. 34
) et un dépôt de tablettes inscrites, et d'empreintes sur bouchons de jarre de l'époque des rois d'Our, à 15 m au-dessous du palais de Darius, il a été trouvé un sarcophage en poterie sans moulures, sous lequel étaient quelques ossements et une sébile de bronze (
fig. 37
) .
L'exploration de la nécropole a été poursuivie entre le niveau 5 et 8.50 le long du terrassement de gravier ; il a été trouvé de nombreuses tombes et dépôts funéraires, parmi lesquels je signalerai deux tombeaux probablement voûtés en briques crues ; l'un contenait avec les restes de plusieurs individus, un mobilier de vases de terre cuite émaillée, un vase de bronze, de nombreux bracelets de bronze, jusqu'à 14 sur un seul avant-bras, des bagues de bronze, plusieurs fibules tige en fer, à tête de bitume recouverte d'argent, avec trace de décor guilloché, une épée, plusieurs poignards et des pointes de flèches en fer ; l'autre contenait de grands vases et des amphores en terre cuite, des vases de terre cuite émaillée, un vase d'argent, des vases de bronze (
fig. 30
) , un peigne et un miroir de même métal, des perles de pierre, de pâte et d'or, un pendant d'oreilles filigrané en or, trois bagues en coquilles recouvertes d'or, un burin en silex taillé.
Un autre dépôt funéraire contenait une grande quantité de dattes carbonisées par le temps sans doute, une centaine de bracelets de bronze assez frustes, un bracelet d'argent, un (p. 22) peigne en bronze aux dents de fer et traces d'argentures, une fibule à tête de bitume recouvert d'argent, des perles d'or à bossettes ou unies. À signaler encore une curieuse statuette en terre cuite émaillée polychrome de 0m28 de hauteur ; la tête est coiffée d'un bonnet, la figure est grimaçante, les mains sont jointes sur la poitrine ; le personnage est vêtu d'une robe qui ne laisse voir que les pieds (
fig. 35
) . Il a été également recueilli des figurines d'hommes et d'animaux en terre cuite émaillée, quelques-unes en pâte blanche émaillée, mais ces dernières appartiennent surtout au niveau inférieur de 8.50 à 10m qui a été exploré pour retrouver la suite de canalisations en briques déblayées l'année précédente.
L'intérêt de cette recherche réside en ce que les matériaux de réemploi comprennent des brique inscrites au nom des rois Silhak et Kutir Nakhunte et des briques à relief parfois inscrites par dessus le motif ornemental. Ces briques à relief sont les éléments de panneaux décoratifs qu'il n'avait pas encore été possible de reconstituer.
Les fouilles de la nécropole en avaient fourni un assez grand nombre en 1913, 1914 et 1921, malheureusement les briques d'un même type étaient souvent répétées sans suffisamment de variété.
Les canalisations furent retrouvées et fournirent quelques briques nouvelles. À la tête de l'un de ces canaux, on explora un dépôt pris dans une sorte de vase charbonneux, contenant avec (p. 23) des briques inscrites et à relief, des vases cylindriques en pâte blanche émaillée à décor assyrien et leurs couvercles un long cylindre cachet de même matière représentant deux personnages debout buvant séparés par un guéridon sur lequel est posé un grand vase, de nombreux débris de vases et figurines de même matière des fusaïoles, des plaques circulaires en coquille, percée d'un trou central, un fragment de plaque en onyx avec caractère cunéiformes de l'époque de Silhak, une grosse perle d'agate.
Non loin de là , au même niveau, l'on rencontrait un grand dallage orienté N.S., les carreaux de briques soigneusement posés sur un lit de sable ; immédiatement au-dessus, l'on recueillait de nombreuses tablettes et empreintes, des figurines de terre cuite très grossières. Le dallage semble s'arrêter au Sud contre un escalier ruiné, de ce côté l'on découvrit deux exemplaires d'une nouvelle brique à reliefs.
Ce nouvel apport de briques à reliefs fait au Louvre, joint aux précédents nous a permis de reconstituer trois motifs de décoration et leur frise (
dessin
) .
Le sujet le plus certainement reconstitué est l'homme taureau, auquel il manque une brique pour être complet, la liaison du cou aux épaules. Le personnage debout est de face jusqu'au-dessous de la poitrine, plus bas il est de profil. Il est coiffé d'une mitre à cornes comme les taureaux à face humaine de Khorsabad. Le visage est humain à l'exception des oreilles qui sont celles d'un animal mais stylisées. (p. 24)
Un deuxième est une sorte de sphynx ; la coiffure manque, la face est mutilée à l'exception des oreilles, cette fois nettement humaines ; les avant-bras se terminent sur la poitrine par des mains rudimentaires ; le bas du corps se perd dans une demie colonne engagée.
Le troisième sujet est une sorte d'arbre, palmier ou cocotier au feuillage raide figuré par les seules nervures. Au-dessous de la naissance des feuilles, pend de part et d'autre un fruit arrondi ; un bras droit se détache de l'arbre et la main revient en saisir le tronc, qui présente les rugosités classiques de celui du palmier.
La frise a été reconstituée avec les trois types de briques d'ornement recueillis. C'est un motif purement géométrique.
Nous avons été aidés dans la reconstitution parce que dans chaque motif il se trouve un élément portant parfois une inscription sur le relief lui-même, et toujours sur le même, et en tenant compte de ce que cette inscription devait toujours être à la même hauteur dans le mur.
Le Louvre possède déjà une douzaine d'exemplaires de quelques briques de chaque motif, il en existe d'autres à Suse, il s'agit donc d'un mur décoré par la répétition fréquente des trois sujets.
Les inscriptions appartiennent à deux rois différents se retrouvant l'une ou l'autre pour chacun des motifs. L'une du roi Kutir Nakhunte :
"Moi Kutir Nakhunte, fils de Sutruk Nakhunte, rejeton "chéri d'Insusinak, du "Kumpum" le "Kidu" en briques crues (p. 25) avait été construit et je relevais sa ruine et en briques cuites je le reconstruisis et le vouai à Insusinak, mon dieu. O Insusinak mon dieu, mon travail et mon oeuvre, garde le à jamais et ce que j'ai fait protège-le."
Il s'agit sans doute du sanctuaire au dieu Susinak que Choutrouk Nakhunte, père de Kutir avait fait en briques cuites et dont Kutir restaura l'enceinte qui avait été élevée précédemment en briques crues.
L'autre inscription est de Silhak, frère et successeur du précédent :
"Moi Silhak in Susinak, fils de Shutruk Nahhunte roi d'Anzan et de Susiane, mon frère Kutir Nakhunte avait fait une décoration de bas relief en terre cuite pour le temple de In Susinak et ne l'avait pas achevée, moi je l'ai achevée et l'ai vouée à In Susinak, mon dieu. O In Susinak etc…"
Notons que le temple de In Shusinak fut modifié par les fils du roi Silhak et reconstruit à nouveau par Shutruk Nakhunte II et Hallutus. Rien d'étonnant dès lors à ce que les décorations assez grossières de Silhak aient été remplacées par les décors en pâte émaillée, et que les anciens matériaux en briques cuites aient été utilisés pour les nouvelles substructions.
Les inscriptions précédentes sont anzanites, c'est-à -dire dans la langue non sémitique de la région de Suse ; comme la grossièreté de la facture et les représentations elles-mêmes (p. 26) différentes du répertoire décoratif babylonien nous le faisait prévoir, nous avons devant nous un produit de l'effort élamite.
Au Nord Est du terrassement du palais (
fig. 39
) , l'exploitation de la Nécropole a donné d'intéressants résultats ; entre 5.50 et 7.50, terrassement en terre pilée ; au-dessus, tombes avec mobilier de vases funéraires ; à l'Est de la fouille poterie assez nouvelle : grands vases à larges cols avec anse et goulot, vases plus petits assez élancés ; sur les uns et les autres enduit ou peinture rouge vif.
Plus près du palais, le niveau 2.50 a donné de nombreux tombeaux en forme de "baignoires renversées" sans moulure, contenant de un à deux squelettes, avec des vases de terre cuite comme mobilier, souvent une sébile de bronze dans laquelle plongeait parfois les mains, des bracelets, des anneaux de bronze, quelques traces d'argent ; autour de ces tombes de grands vases funéraires contenant des ossements, parfois le squelette est trouvé recouvert de grands fragments de plusieurs vases analogues (fig.
40
Ã
44
) .
Il a été observé au pied de ces vases, quelques représentations plus ou moins grossières de tête humaine, parfois simplement en terre grossièrement colorée. Il a été également déblayé près des groupes de tombes, deux plateformes en terre moulée, enduite de bitume avec des rigoles conduisant à un trou vertical percé au-dessus d'un petit vase enterré, et de (p. 27) petites cuvettes ; il s'agit sans doute d'une sorte d'autel pour un sacrifice ou un repas rituel.
Cette fouille a également fourni quelques tablettes.
Il a été exécuté des travaux immédiatement en arrière de la muraille achéménide bordant à l'Est le tell de l'Apadana, provoqués par l'affleurement à la suite de pluie, d'un pan de muraille renfermant des briques émaillées achéménides à décor floral. Il s'agissait de fondations d'une construction musulmane, il a été retrouvé dans ces explorations, une grande dalle en calcaire blanc (L. 2.50 - l. 1m e. 0.30). Une de ses extrémités était fruste sur une longueur de 0m50, bien que sa longueur ait été diminuée au marteau pour une implantation verticale, l'autre extrémité est arrondie, une des grandes faces est polie avec un champ levé laissant en relief une bordure et un grand dard traversant obliquement le fond, dirigé vers la terre dans la position verticale de la pierre ; nulle inscription, c'est une stèle funéraire, probablement d'époque gréco-parthe, c'est pour nous "la stèle au guerrier inconnu" (
fig. 45
) .
Il a été encore trouvé au même endroit de nombreux fragments de décors floraux en terre cuite, un lot de pointes de flèches et de piques en bronze, des fragments de statuettes en bronze.
Non loin de là dans des ruines musulmanes, on trouva une dalle en calcaire blanc portant sur l'épaisseur à une extrémité un svastika sculpté en creux ; symbole rare à Suse. (p. 28)
Il fut déblayé au niveau inférieur quelques dallages achéménides, et un escalier voûté de construction musulmane, descendant sans doute dans un "serdab" ou cave fraîche (
fig. 46
) . On retrouva dans ce déblaiement une jolie lampe en bronze, probablement grecque. Le récipient est fermé par un couvercle à charnières représentant une coquille, et l'anse se recourbe pour se terminer par un masque humain. À citer également un grand nombre de figurines de terre cuite représentant des bovidés avec ou sans bosse.
Au niveau inférieur (5 à 7.50), on trouva des vases en terre cuite, aux cols hauts et longs, des vases hauts galbés vers l'intérieur et à la base de la tranchée on retrouva le niveau à objets en pâte blanche émaillée, comme plus près du palais au même niveau.
Résumé des résultats généraux
Nous comprenons à présent comment fut établi le terrassement qui servit de base au palais des rois achéménides.
Il existait primitivement sous le tell de l'Apadana une éminence naturelle qui fut choisie par les habitants de Suse comme un des centres principaux d'inhumation au moins vers l'époque de Hammourabi. L'habitude d'enterrer les morts soit dans des poteries, soit dans des caveaux funéraires en briques crues et en briques cuites donna lieu à un apport incessant de matériaux. Les intempéries dégradant les constructions en briques crues les plus nombreuses, l'argile entraînée noya les tombes les plus (p. 29) résistantes et il en résulta la formation d'un tell allongé de l'Est à l'Ouest.
Le souverain achéménide qui eut le premier l'idée de construire à Suse et il semble bien que ce soit Darius, puisque ses inscriptions ne mentionnent pas ses prédécesseurs, fit raser la colline à la hauteur choisie pour base à son palais, et entourer d'une muraille en terre crue, la surface qu'il voulait transformer en terre plein ; les vides furent comblés avec du gravier, et sur la terrasse obtenue fut tracé le plan de l'édifice ; pour assurer la solidité des parties bâties, on fit des fouilles à leur emplacement pour les combler ensuite avec du gravier ; les terre extraites furent employées à faire du mortier du boue pour les murs et rentrèrent dans les constructions ou furent évacuées pour faire une enceinte aux jardins du Nord.
L'Acropole comme l'indique notre rapport de 1919, a été occupé pendant la guerre par un escadron de Cipayes qui y construisit des baraquements nombreux. Ceux-ci privés de toit et de boiseries ont servi de carrières pour les gens du pays et tombent peu à peu en ruines En fin de saison, nous avons fait procéder à un nettoyage de la plate forme au voisinage du château. Ce travail a fourni quelques tablettes protoélamites et venant d'un puits, un beau fragment d'un buste grécoparthe en terre cuite, la tête manque, mais les seins et les étoffes sont d'un dessin très beau ; cette terre cuite était peinte en bleu tendre, mais la couleur pulvérulente disparut dès l'exposition à l'air, ne subsistant que dans les creux les plus profonds.
Profitant des indications fournies par les érosions nouvelles après les fortes pluies d'automne, il a été recueilli quelques tablettes inscrites, et exploré quelques tombes au pied du "donjon". Pour l'une d'elles, le crâne était posé sur un carreau de brique cuite accompagné d'une tablette inscrite et de quelques petites écuelles à bord plat.
À trois kilomètres environ au Nord de Suse, sur le bord du Chaour, se trouvent plusieurs buttes artificielles dont le nom en groupe est "Douecya" ; l'une de ces buttes est écornée par la rivière et depuis longtemps nous avions ramassé sur les pentes des fragments de la poterie fine et peinte du niveau inférieur de Suse.
Il a été fait dans ce petit tell plusieurs essais de tranchées qui ont montré que le noyau en était un terrassement en terre pilée, entouré de tombes à mobilier de vases peints analogues à ceux de Suse ; il n'a pas été recueilli de vases entiers, mais de nombreux fragments dont les plus intéressants donneront lieu à une étude, quelques fragments aussi de petits cornets de terre cuite, sans doute pots à fards et quelques petits animaux en terre cuite peinte. Au niveau supérieur il a été retrouvé des tombes parthes.
En repassant à Nasseri nous n’avons pas manqué de faire une visite aux ruines d’Ahwaz, toujours exploitées comme carrières pour la construction de nouvelles maisons. Dans les fouilles les plus profondes à une douzaine de mètres de la surface nous avons constaté la présence de carreaux en briques cuites de dimensions utilisées jusque sous les Achéménides.
Nous avons constaté également dans la première colline au Nord de Nasseri, près des anciennes carrières utilisées ensuite par les Mazdéens pour l’exposition des corps aux bêtes de proie, des tombes creusées dans le rocher et recouvertes de dalles.