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[Rub 8 - Pouilloux] 10 décembre 2014

Comment Karnak est né des caprices du Nil
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Conférence mensuelle du Cycle Pouilloux 2014-2015.

Par Luc Gabolde, chercheur au CNRS, Archéologie des sociétés méditerranéennes - Lattes, président du cercle lyonnais d'égyptologie Victor Loret.
- mercredi 10 décembre 2014 - 18h - amphi Benveniste - MSH MOM - 7 rue Raulin - Lyon 7e
- Affiche (.pdf)

L’habitude que nous avons de contempler un Nil sagement encadré de ses quais maçonnés et gonflant ou diminuant de quelques mètres seulement au gré des saisons nous a fait perdre de vue le fait que c’était jadis un fleuve capricieux, à la dynamique puissante, sujet à des changements de cours fréquents et qu’il constituait en fin de compte l’élément le plus mobile du paysage égyptien.

L’enquête menée ces dernières années dans les archives de fouilles, dans la documentation archéologique et muséale relative à Karnak, a permis de croiser les données historiques avec les résultats géomorphologiques récents, particulièrement enrichis ces dernières années par les travaux de pointe d’Angus Graham et de son équipe.

L’éventualité qu’il y ait eu plusieurs changements importants du cours du Nil s’est renforcée au cours de la recherche et il est des plus vraisemblable que trois étapes essentielles doivent désormais être isolées :

  • Au Néolithique et jusqu’au commencement de l’Ancien Empire, l’emplacement futur de Karnak se trouve sur la rive gauche du Nil est le fleuve passe à l’Est du site lequel était occupé par des installations de chasseurs pêcheurs.
  • A l’Ancien Empire et pour une durée de 500 à 600 ans, l’éminence est transformée en île et l’habitat abandonné. 
  • A l’aube de la XIe dynastie, l’île se rattache à la rive orientale et le fleuve continue sa lente migration vers l’Ouest. Des terres neuves deviennent disponibles pour l’implantation d’un nouveau temple, consacré lui-même à une divinité également nouvelle, Amon-Rê.

Le nouveau dieu apparaît comme une subtile synthèse de concepts memphito-héliopolitains remontant aux Textes des Pyramides, d’éléments solaires héliopolitains empruntés à Atoum et pour finir d’iconographie et de liturgies originaires de Coptos et emprunté à la vieille divinité ithyphallique voisine, Min. Il serait pour les nouveaux dynastes originaires du Sud le garant de leur légitimité dynastique et, ainsi révélé par eux, le dieu que les autres n’avaient pas su reconnaître.