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[rub 8] Cycle de conférences Pouilloux 2016-2017

Conférences Pouilloux | 2016-2017

- programme des conférences 2016-2017 (.pdf)

MERCREDI 7 JUIN
Abstraction et figuration dans l'art celtique. Des origines à l'époque médiévale
Franck Perrin, maître de conférences en Protohistoire européenne à l’université Lumière Lyon 2, laboratoire HiSoMA

Enluminures sur parchemin, Incipit des Évangiles de Lindisfarne, f.27r, VIIIe s., British Library
Enluminures sur parchemin, Incipit des Évangiles de Lindisfarne, f.27r, VIIIe s., British Library

Monnaie celtique
Monnaie celtique

MERCREDI 10 MAI
De gigantesques pièges néolithiques dans le désert jordanien

Rémy Crassard, responsable du Projet ANR Globalkites, Olivier Barge, CNRS et 
Wael Abu-Azizeh, co-directeur de la Mission Archéologique du Sud-Est Jordanien, chercheur associé, laboratoire Archéorient
- bibliographie (.pdf)

A la fin des années 1920, les aviateurs de la Royal Air Force furent les premiers à remarquer au-dessus de l’actuelle Jordanie et du sud de la Syrie d’étranges structures gigantesques, visibles dans leur ensemble uniquement depuis les airs. Ils leur donnèrent le nom de kites car ces constructions leur rappelaient l’aspect des cerfs-volants utilisés à l’époque en Grande Bretagne. Il faudra attendre quelques décennies avant que des archéologues s’intéressent de plus près à ces structures. Quelques-unes furent observées directement au sol, de rares furent fouillées, sans que la recherche autour de ces kites ne se développe davantage.
Avec l’arrivée de banques d’images satellitaires en libre accès (Google Earth, Bing Maps), il est désormais possible d’observer ces structures avec pour seule limite la qualité des photographies satellite. Il a ainsi été possible d’observer une aire de répartition des kites très importante, qui s’étend de la péninsule Arabique, du Proche-Orient jusqu’au Caucase et dans la région aralo-caspienne. Après quelques années à scruter des images satellite, ce sont maintenant près de 5200 kites qui sont individualisés et référencés. De par la quantité très importante et inattendue de ces structures visibles depuis l’espace, et de par leur répartition plus ou moins continue sur des milliers de kilomètres carrés, l’équipe Globalkites a rapidement souhaité aborder ce « phénomène kite » dans sa globalité.
L’interprétation fonctionnelle généralement admise des kites est celle de pièges destinés à la chasse d’animaux sauvages. La fouille et l’analyse de ces structures permet depuis seulement quelques années de confirmer cette interprétation, ainsi que de faire remonter l’origine de leur utilisation au Néolithique. La collaboration étroite avec la Mission Archéologique du Sud-Est Jordanien a permis la découverte récente de structures d’habitat contemporaines et à proximité immédiate de kites, marquant une étape cruciale dans notre connaissance des modes d’adaptation et de subsistance des populations vivant à la marge du Croissant Fertile.

Kite jordanien vu du ciel et vue de la fouille © projet ANR Globalkites
Kite jordanien vu du ciel et vue de la fouille © projet ANR Globalkites

MERCREDI 5 AVRIL
L’origine d’une tradition épigraphique sur la côte orientale de l’Inde et ses rapports avec le monde méditerranéen (Ier s. av.– IVe s. ap. notre ère)

Arlo Griffiths, directeur d’études de l’École française d’Extrême-Orient, chercheur rattaché au laboratoire HiSoMA
- bibliographie (.pdf) proposée par la bibliothèque de la MOM

Comme on le sait, l’Inde ne rejoint que tardivement le monde de l’écrit, quand l’empereur Asoka (IIIe s. avant n. è.) lance une tradition épigraphique, faisant graver ses édits sur des piliers et des rochers situés tant dans la vallée du Gange qu’aux confins du sous-continent Indien. Il créé pour cela son propre système d’écriture, la Brahmi. Cette tradition et ce système se répandent au fil des siècles, bien au-delà de leur berceau Indien, atteignant très tôt l’Asie Centrale et l’Asie du Sud-Est.
Cette conférence présentera un état de recherches en cours sur le corpus épigraphique de la région couverte par les états d’Andhra Pradesh et Telangana de l’Union Indienne, territoire dominé par des grands fleuves débouchant dans le Baie du Bengale. C’est sur les bords de ces fleuves que naît, au Ier siècle avant notre ère, une tradition épigraphique, en même temps que de riches traditions de monnayage, de construction monumentale, et de sculpture. Toutes ces traditions furent nourries dans une certaine mesure par les contacts, particulièrement intenses à cette époque, avec le monde méditerranéen, mais encore plus par la religion bouddhique, manifestement moteur de cette floraison culturelle. C’est à partir des deltas des mêmes fleuves que cette religion s’est ensuite diffusée vers la Birmanie, dans un mouvement qui accompagne en réalité sa disparition dans cette partie de l’Inde.

Frise inscrite, IIIe s. de notre ère. Musée de Nagarjunakonda, Andhra Pradesh, Inde. © programme Early Inscriptions of Andhradesa.
Frise inscrite, IIIe s. de notre ère. Musée de Nagarjunakonda, Andhra Pradesh, Inde. © programme Early Inscriptions of Andhradesa

Estampage d’une inscription de Nagarjunakonda, IIIe s. de notre ère. © Bibliothèque de l’Université de Leyde, Pays-Bas
Estampage d’une inscription de Nagarjunakonda, IIIe s. de notre ère. © Bibliothèque de l’Université de Leyde, Pays-Bas

MERCREDI 8 MARS
Al‑Quṣūr, un monastère chrétien au large de l’Arabie musulmane. Derniers résultats de la Mission archéologique franco-koweïtienne de Faïlaka
Julie Bonnéric, co-responsable de la mission archéologique franco-koweitienne de Faïlaka (MAFKF), post-doctorante au Annemarie Schimmel Kolleg à Bonn à compter de 2017, chercheuse associée à l’Ifpo, Beyrouth, et au laboratoire CIHAM, Lyon
- bibliographie (.pdf) proposée par la bibliothèque de la MOM

Au centre de l’île koweïtienne de Faïlaka, le site d’al‑Quṣūr témoigne d’une occupation chrétienne dans le Golfe au tournant de l’islam. Composé de nombreux bâtiments d’habitation enceints par un enclos, il est organisé autour de deux églises découvertes en 1888 et en 2008 par une équipe de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée, la Mission française de Faïlaka. Depuis 2011, la Mission archéologique franco-koweïtienne de Faïlaka (MAFKF) cherche à comprendre la nature du site et à en préciser la chronologie. La découverte, en particulier, d’un réfectoire semble démontrer sa nature monastique mais il reste à déterminer s’il était entouré d’un village ou de cellules dispersées. La céramique révèle quand à elle un maintien de l’occupation jusqu’à la période abbasside. Tandis que les textes anciens témoignent d’une présence chrétienne dans le golfe Arabo-Persique sous la forme d’évêchés et de monastères du ve au viie s. et laissent supposer la disparition des communautés chrétiennes dans la région après cette période, l’archéologie révèle pourtant un maintien du christianisme dans le Golfe durant les deux premiers siècles qui suivent les conquêtes arabo-musulmanes.

Vue générale de la fouille du site d’al‑Quṣūr © MAFKF
Vue générale de la fouille du site d’al‑Quṣūr © MAFKF

MERCREDI 8 FEVRIER
La grande carrière d'albâtre égyptien de Hatnoub : redécouverte d'un site
Yannis Gourdon, égyptologue, co-directeur de la mission de Hatnoub, Ifao — University of Liverpool, chercheur associé au laboratoire HiSoMA.
- podcast Lyon 2
- biblioghraphie sélective proposée par la bibliothèque de la MOM.

Découverte en 1891, la grande carrière d’albâtre égyptien de Hatnoub, a rapidement attiré l’attention des égyptologues en raison de la présence d’une cinquantaine d’inscriptions rupestres royales et privées datant de l’Ancien Empire au Moyen Empire.
Menacé par la reprise de l’exploitation des carrières dans la région, le pillage et l’érosion, le site fait l’objet, depuis 2012, d’une mission épigraphique et archéologique menée conjointement par l’Institut français d’archéologie orientale du Caire et l’université de Liverpool.
Les premiers résultats de ces travaux ont d’ores et déjà permis de découvrir un nombre significatif de nouvelles inscriptions et ont fourni des données archéologiques inédites qui vont permettre de renouveler notre connaissance du site et de l’histoire des techniques.
 Vue générale de la grande Carrière de Hatnoub". © G. Pollin, Ifao
Vue générale de la grande Carrière de Hatnoub". © G. Pollin, Ifao

MERCREDI 18 JANVIER
Le château hospitalier de Belvoir. Un site majeur de l’Orient latin
Anne Baud, maître de conférences en archéologie médiévale à l’université Lumière Lyon 2, laboratoire ArAr, co-directrice de la mission archéologique de Belvoir, Israël
- podcast Lyon 2

Partie de la forteresse de Belvoir implantée sur un plateau basaltique dominant la vallée du Jourdain. © mission archéologique de Belvoir
Partie de la forteresse de Belvoir implantée sur un plateau basaltique dominant la vallée du Jourdain. © mission archéologique de Belvoir


Les conférences du 2e semestre 2016 sont proposées en partenariat avec le musée gallo-romain de Lyon dans le cadre de l’exposition ArchéoTERRA
- un samedi par mois de septembre à décembre, à 15h, salle de conférences du musée gallo-romain, 17 rue Cléberg - Lyon 5
- entrée libre dans la limite des places disponibles

SAMEDI 3 DÉCEMBRE
L’architecture en pisé à Lyon et dans la région
Anne-Sophie Clémençon CNRS, laboratoire EVS-Bio-géophile, ENS de Lyon, et Emmanuel Mille, ingénieur-architecte

Lyon, une ville en terre ? Entre 1981 et  1983, deux historiennes des formes urbaines et de l’architecture, Dominique Bertin et Anne-Sophie Clémençon réalisent, en collaboration avec l’ethnologue Domar Idrissi, le premier inventaire de l’architecture de terre de la région lyonnaise. Ce travail révèle alors que Lyon est l’une des rares grandes villes européennes construite en pisé de terre dans des proportions aussi importantes et met l’accent sur la notion de « pisé urbain ». Cette présence du pisé reste méconnue car la terre est très souvent cachée par des enduits de façades. En 2015, Emmanuel Mille, étudiant au DSA « Architecture de terre crue » (laboratoire CRAterre, école d’architecture de Grenoble) fait la synthèse des inventaires existants et coordonne un inventaire participatif, réalisé par le musée des Confluences en partenariat avec le CNRS, l’ENS, le Service Régional de l’Inventaire et le laboratoire CRAterre.  Dans quels quartiers y a-t-il du pisé ? Pour quels types de constructions ? L’objectif est changer notre regard sur le bâti de la métropole lyonnaise en reconnaissant la présence du pisé.


Immeuble canut de grande hauteur dont le mur de refend est en pisé de terre tandis que la façade principale est en pierre, 155 boulevard de la Croix-Rousse, Lyon 69004, © Anne-Sophie Clémençon, 2015.

Anne-Sophie Clémençon est historienne des formes urbaines et de l’architecture, chargée de recherche au CNRS et membre du laboratoire Environnement Ville Société Bio-Géophile à l’ENS de Lyon.
Emmanuel Mille est ingénieur-architecte, spécialiste du patrimoine en terre crue. 

SAMEDI 5 NOVEMBRE
Panorama historique des architectures de terre dans le monde
Hubert Guillaud, professeur à l’ENSAG de Grenoble, directeur du laboratoire AE&XCC, responsable de la chaire UNESCO « Architectures de terre, cultures constructives et développement durable ».

La conférence propose un panorama mondial des architectures de terre, de l'Antiquité à nos jours. Elle aborde ce propos sous l'angle de références choisies à l'histoire des architectures vernaculaires, populaires et savantes, rurales et urbaines. Elle propose un voyage dans le temps et l'espace planétaire au prisme des images et de l'imaginaire, en Afrique (régions subsahariennes et du Maghreb), en Asie (Proche-Orient, Asie centrale, Inde et Chine), en Amérique (Etats-Unis et latine), et enfin en Europe avec une focale mise sur l'aire méditerranéenne et sur le patrimoine français. La conférence se conclue sur la valeur sociétale "subversive" (conservation et dépassement, renversement) des architectures de terre pour une contribution à la mise en oeuvre du développement durable intégrant la diversité culturelle et des leçons essentielles de l'héritage des architectures de terre pour la production d'un cadre bâti plus éco-responsable.

Hubert Guillaud est architecte, professeur HDR à l'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Grenoble (ENSAG), directeur scientifique de l'unité de recherche AE&CC (laboratoires CRAterre et Cultures constructives), responsable de la Chaire UNESCO « Architectures de terre, cultures constructives et développement durable ».

SAMEDI 8 OCTOBRE
L’architecture en terre sur les sites archéologiques : fouille et conservation

David Gandreau, CRAterre, ENSAG, Grenoble, et Bérengère PERELLO, CNRS, laboratoire Archéorient-MOM, Lyon

Partout dans le monde, des sites archéologiques témoignent de l’usage continu de la terre crue comme matériau de construction depuis plus de 10 000 ans. Ce sont des maisons, des palais, des temples et même des villes entières que les archéologues redécouvrent, grâce à des approches renouvelées, plus attentives aux spécificités des diverses techniques mises en œuvre. En parallèle, d’importants moyens sont déployés pour conserver, restaurer et valoriser ce patrimoine  architectural unique, source précieuse de connaissances et d’expériences plurimillénaires. Ces deux approches complémentaires, de fouille et de conservation, seront présentées par Bérengère Perello et David Gandreau, commissaires de l’exposition archéoTERRA, dédiée à ce sujet au musée gallo-romain de Lyon.


Kulluoba, Turquie


Merv, Turkménistan

David Gandreau est archéologue, membre de l'unité de recherche AE&CC (laboratoires CRAterre et Cultures constructives), ENA de Grenoble. Responsable du programme de recherche « Archéologie et conservation », il est co-auteur d’un ouvrage sur la conservation des architectures en terre sur les sites archéologiques.
Bérengère Perello est archéologue, chargée de recherche au CNRS et membre du laboratoire Archéorient de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée de Lyon (Université Lyon 2-CNRS). Son programme de recherche porte sur l’éveil urbain et l’éclosion des sociétés complexes en Anatolie au IIIe millénaire av. J.-C.  en regard du contexte proche-oriental. L’étude des habitats en terre est l’une des composantes de ce programme. B. Perello est aussi responsable de la mission archéologique française du MAE « Caucase, Arménie, Géorgie ».

SAMEDI 3 SEPTEMBRE
L’architecture en terre au Proche-Orient ancien

Martin Sauvage, CNRS, laboratoire ArScAn-MAE

La plaine alluviale mésopotamienne est pauvre en matières premières et pourtant cette région a développé une architecture considérable grâce à l’usage quasi-exclusif de la terre.
La conférence s’attachera à retracer les grandes étapes de l’évolution de la construction en Mésopotamie et au Proche-Orient.

On décrira l’émergence de la construction en terre (clayonnage, brique, bauge) avec les premières habitations au Proche-Orient, il y a plus de 10 000 ans, puis la diversification des techniques et des matériaux de construction au cours du Néolithique. L’émergence progressive des premières villes sumériennes (vers 3000 av. J.-C.) s’accompagne elle aussi d’innovations dans le domaine de la construction en terre : briques moulées, briques cuites, appareils spécifiques.

La conférence s’attachera, avec l’exemple de la plus ancienne civilisation, à montrer les relations entre de l’évolution sociale et la construction. À ce titre, la connaissance des solutions techniques les plus anciennes permet de mieux maîtriser l’enjeu actuel de l’architecture de terre dans le cadre développement durable : les leçons du passé permettent de mieux préparer l’avenir…

Martin Sauvage est ingénieur de recherche en archéologie au CNRS (Maison Archéologie Ethnologie, Nanterre). Spécialiste des matériaux et des techniques de construction du Proche-Orient ancien, il a participé à plus d’une vingtaine de campagnes de fouilles archéologiques dans cette région et travaille actuellement au Liban et au Kurdistan iraquien.

Assises de briques crues et chaînages de lits de roseaux dans le cœur de la ziggurat d'Aqar Quf, Iraq (© M. Sauvage)
Assises de briques crues et chaînages de lits de roseaux dans le cœur de la ziggurat d'Aqar Quf, Iraq (© M. Sauvage)