Roland de Mecquenem - Archives de Suse

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Cote conservation : F/17/17255 / Document original conservé aux Archives Nationales, Paris.

Campagne de fouilles à Suse 1924
Rapport de Mission

M. Neuville (mon assistant) et moi arrivons à Suse le 20 janvier 1924, après un voyage intéressant à travers la Syrie et la Mésopotamie. Des pluies torrentielles du 11 janvier au 5 février, retardèrent la fin du trajet et génèrent le début des travaux.

Le chantiers furent mis en route le 6 février ; les sollicitations des chefs de tribus me forcèrent à les multiplier plus vite que je ne l'aurais voulu et à reprendre dès le début les travaux à la ville Royale. Le change très élevé que j'eus à subir dans la transformation des francs en krans, me fit arrêter les travaux dès le 4 mars, soit après vingt six jours seulement de fouilles à plein rendement. Je demeurai cependant à Suse jusqu'au 19 mars, occupant encore quelques ouvriers à des travaux de reconnaissances.

La région était pacifiée ; une petite garnison de soldats réguliers commandés par un sous-lieutenant, Mahmoud Khan, qui parlait un peu le français, occupait le château, mais ne tarda pas à être rappelée à Dizfoul ; la tribu qui fournit la plupart des ouvriers était campée au sud du tell, ayant pour chef Abbas Khan, ancien serviteur de la mission. Les récoltes avaient été abondantes ; la tribu était cependant appauvrie par le pillage qui avait suivi sa soumission ; l’argent était très rare ; les ouvriers se présentèrent nombreux ; il en vint même de Dizfoul.

(p2)

Le château était en bon état à mon arrivée ; le cheikh de Mohammerah était venu y passer six semaines pendant l’épidémie de peste et de choléra qui sévit une partie de l’été dans le sud de la province ; les bâtiments n’avaient point souffert de cette occupation ; les pluies très abondantes m’obligèrent à refaire le crépi des murs en terre de la façade sud et à renouveler l’enduit des terrasses.

Il y eut trois chantiers principaux de fouilles : à l'Acropole, à l'Apadana à la Ville Royale.

Travaux à l'Acropole

On se rappelle que le tell de l'Acropole avait été rasé jusqu'au II° niveau, vers 1911 (cote 25 m environ au-dessus du niveau hydrostatique). Voir Plan I . L'épaisseur des terrains enlevés variant de 7 à 12m. Un faux niveau de 1m50 avait été exploité en 1912, 1913, et 1922, 1923 ; le grand sondage du sud-ouest (N° 1) avait atteint le sol naturel en 1908, il avait été élargi en 1909 et 1910, sans résultats ; un autre sondage sur le flanc sud est avait été infructueux ; une autre fouille à l'est (n°2) avait atteint le III° niveau, exploitant d'anciens déblais sans intérêt.

Nous avons poursuivi l'exploitation du faux niveau de 1m50 depuis le château jusque près du grand sondage du sud-ouest. Ce travail donna les résultats que nous escomptions ; de nombreux petits vases d'albâtre, ayant autrefois contenu des parfums ou des fards, aux formes très diverses. Ils étaient isolés ou par groupes au-dessus des substructions en terre crue formant le noyau du tell. ; (p. 3) nous retrouvions avec eux des tablettes proto élamites, des bulle d'argiles couvertes de curieuses empreintes, des pains de terre à tablettes, des balles de fronde en terre crue ; nous avons recueilli de nombreuses masses de pierre, des galets percés, des vases de pierre généralement incomplets, des poteries diverses, une très belle collection de cachets et de cylindres cachets archaïque ; citons encore une petite statuette en albâtre représentant une dévote agenouillée, une tête de statuette analogue et diverses armes de bronze ou de cuivre. Ces travaux nous permirent de délimiter vers le nord, l'extension du noyau de briques crues, et nous amenèrent à entreprendre un sondage en profondeur en avant de ce massif. Une fosse fut creusée à 3m50 au-dessous du II° niveau (N°3), limitée à l'est par nos remblais qui avaient comblé les ravins de l'Acropole dénommés par Mr de Morgan, des Lentilles et des Voleurs.

Nous ne fûmes donc pas étonnés de retrouver de ce côté des vestiges parthes achéménides, puis de décadence élamite, pendant qu'à l'ouest nous descendions très avant dans l'archaïque, avec des résultats beaucoup plus nombreux que ceux des recherches antérieures.

Nous avons recueilli des poteries très anciennes représentant les débuts du tour de potier, des outils de pierre, d'os, de terre cuite : ces derniers comprenant des faucilles et des tranchets

Parmi les objets les plus importants sortis de cette fouille, notons un fragment d'une statue colossale en diorite ( pl.II, 2 ) , représentant des mains croisées et des avant-bras ; ce fragment pourrait appartenir à une statue de Naramsin ou de Sargon ; le Musée du Louvre (p. 4) possède déjà des fragments plus ou moins importants de l'une et de l'autre.

Au point de vue céramique nous avons fait les constatations suivantes : au II° niveau et un peu au dessous nous trouvons des vases ayant un bec dirigé vers le haut, sans anses, et des poteries rappelant un peu les formes du niveau énéolithique à peinture ; les anses sont tous funiculaires ; au dessous apparaissent des poteries à un ou deux anses non symétriques, de nombreux vases à boutons en saillie percés pour anses funiculaires ; plus bas, immédiatement au dessus du III° niveau sont des vases grossiers mais tournés ; des vases à anses rapportés ; le sommet de l'anse dépassant en général le goulot, des vases à becs très allongés de forme prémycénienne, des écuelles, des vases coniques.

Travaux à l'Apadana

Parvis central : Voir Plan I A ( pl. I )

Le sondage de l'année dernière avait souffert des pluies ; les deux marches les plus profondes réservées pour les pelleteurs du côté de l'ouest ont été abattues ; le déblai a été disposé en talus au fond du sondage ; nous avons retrouvé plusieurs sépultures confirmant les résultats obtenus et recueilli des fragments de vases peints archaïques d'une belle peinture rouge très fine, avec figuration de personnages, formant transition entre les vases peints néolithiques et la poterie peinte du II° style.



Parvis est : voir Plan I b. ( pl. I ) et plan II, chantier n°4 ( pl.III )

Le chantier ouvert l'année précédente en plein coeur cette fois de la butte nécropole a été activement poussé ; il a été (p. 5) déblayé deux tombeaux voûtés en briques cuites ( pl.IV,1 ) de nombreux sarcophages en poterie ( pl.IV,2 ) , des vases funéraires ; plusieurs de ces sarcophages étaient encore munis de leur couvercle en position et les ossements plus faciles à dégager ont pu être photographiés sur place ( pl.V,1 ) ; la plus riche de ces tombes contenait un squelette dont le crâne était recouvert d'une calotte en argent; deux couples de deux pendants d'oreille en or ont été retrouvés ; sans doute ils étaient réunis par deux au moyen d'un mince anneau d'argent non conservé. Un bracelet d'or massif grossièrement guilloché, un anneau d'or sans décoration complétaient la parure ( pl.V,2 ) . Le mobilier comprenait une hache et des vases de bronze. Un autre sarcophage renfermait un squelette de femme couchée sur le dos, les seins étaient garnis de pectoraux en argent. Près d'un autre sarcophage, nous avons retrouvé les fragments d'une très belle coupe en bitume taillé portant en bas relief des chèvres sauvages aux yeux incrustés ( pl.VI ) . La tête de l'une d'elles en haut-relief, les cornes détachées, vient en avant de la coupe. Cette fouille a donné au même niveau quelques tablettes de terre crue inscrites, des armes de bronze, des vases de bitume.

Au dessous du niveau à sarcophage, nous avons trouvé des tombes à même la terre, très enchevêtrées, les unes dans les autres, et garnies d'un mobilier de vases de terre cuite, souvent de grandes dimensions ( pl.VII , 1 et 2 et pll.VIII ,1) . La terre des sépultures avait été pilée et le dégagement des vases fut très difficile. Plusieurs d'entre eux portaient des peintures ( pl.VIII , 2 et pl.IX ,1) , généralement décors géométriques ; quelques-uns portent cependant des représentations d'oiseaux, de chèvres sauvages ; les vases étaient généralement vides ; plusieurs étaient coiffés (p. 6) d'une écuelle renversée. Nous avons recueilli dans l'un de ces pots un petit cachet cylindrique. Avec les vases de terre cuite se trouvaient des gobelets d'albâtre, des vases de bitume et de bronze ; l'un de ceux-ci à très long bec est décoré sur la panse du motif dit des "gouttes d'eau" prémycénien ( pl.VII ,3) . Citons également quelques armes de bronze ou de cuivre ?

La tranchée en profondeur qui a fourni cette collection de vases aux formes généralement inédites, atteint le niveau de quatre mètres au-dessous du niveau du palais ; elle a 25m. de longueur sur 12m. de largeur. Nous pensons être arrivés à un niveau antérieur à la dernière dynastie d'Our, soit vers 2600 avant notre ère. Il nous reste vraisemblablement cinq à six mètres de profondeur à fouiller pour atteindre le sol naturel. Nous espérons donc cette fois tenir le chronomètre céramique le plus complet possible de ces lointaines époques. Notons que nous trouvons là les plus beaux vases de la période signalée tout à l'heure de l'Acropole : vases à becs rapportés dirigés vers le haut.

Est du palais – Voir Pl.I Chantier 5 ( pl.III )

Nous avons d'abord exploré les abords du dallage du temple de In Chouchinak sans résultats, puis ceux du grand tombeau voûté de basse époque, trouvé en fin de saison 1923 ; enfin prolongé le chantier vers le mur achéménide, presque sans résultats : signalons cependant quelques pendants d'oreille en bitume argenté et peut-être doré, probablement achéménides.

Chantier Nord-est du palais (plan II n° 5) ( pl.III )

Nous avons poursuivi le déblaiement des fondations du mur oriental du palais achéménide, sur une longueur de 10m. environ ; (p. 7) l'extrémité de la partie reconnue correspond à la deuxième rangée de colonne de la salle hypostyle ; les fondations ont plus d'un mètre d'épaisseur, et environ de 5m. en 5m. s'élevait un pilier de soutien dont les fondations sont en briques scellées au bitume.

Ce déblaiement nous a fait retrouver de nombreux fragments de colonnes et de chapiteaux de la grande salle qui se sont enfoncés profondément dans le sol au moment de leur chute.

Au dessous des fondations du mur, nous avons retrouvé quelques sépultures, sarcophages et vases funéraires avec quelques objets, dont une herminette de bronze et un vase en bitume taillé.

Ce chantier a fourni encore quelques briques à reliefs appartenant aux griffons, taureaux et lions ailés, panneaux en terre cuite, reconstitués déjà par M. Dieulafoy. Ces panneaux appartenaient donc à une décoration murale antérieure à la salle hypostyle d'Artaxerxès II. Ils appartenaient peut-être au palais de Darius, ils pourraient même être plus anciens et provenir d'une construction à Suse de Nabuchodonosor. Dès la première année des fouilles, le Père Scheil avait émis l'opinion que les rois néo-babyloniens avaient dominé à Suse, d'après un barillet incomplet et des vases d'albâtre inscrits trouvé dans les fouilles. Nous avons trouvé cette année des briques estampillées au nom de Nabuchodonosor et des matériaux de cette sorte ne sont pas transportés.

D'autre part, l'écrivain Juif Josèphe rapporte que Daniel, gouverneur sous les roi néo babyloniens, avait construit un palais situé sur l'emplacement des tombes des rois perses : palais encore visible au temps de l'historien qui le place à Ecbatane. Il est (p. 8) bien évident que Daniel n'a pas construit de palais à Ecbatane ; la tradition a été transportée là de Suse par un exode de colonie juive, en même temps que des monuments ex-voto à Esther et à Mardochée ont été élevés près de la ville ; le premier palais de Suse construit sur la nécropole élamite aurait été néo-babylonien ; nous comprendrions mieux alors l'installation au-dessus de tombes des constructions achéménides ; Hérodote nous parle de leurs scrupules religieux en ce qui concerne les sépultures ; Darius qui ne voulait pas sortir de Babylone par une porte des murailles au-dessous du tombeau de la reine Nitocris, n'aurait pas été de but en blanc, profaner les hauts lieux élamites.

Travaux à la Ville Royale

Nous avions ouvert l'année précédente, deux chantiers au sud ouest de la Ville Royale (Plan III) ( pl.XII ) ; l'un élargissait une tranchée faite en 1897 par Mr De Morgan, et dont le sol était au niveau de bétonnages à mortier de chaux peints à l'ocre rouge, comme ceux du palais de l'Apadana ; l'autre perpendiculaire au premier, descendait 1m.50 plus bas. Ces deux chantiers ont été repris et élargis ; le premier a été poussé vers le Nord est ; il n'a fourni que peu de documents : quelques amphores parthogrecques, parthoromaines et des vases parthoromains émaillés ( pl.X et XI ) ; signalons cependant un torque en argent formé d'un fil rond enroulé en hélice autour d'un fil de bronze, les deux extrémités se soudant à des têtes d'animaux, bélier ? serpent ? Ce bijou est peut-être achéménide ; également des restes de constructions de basse époque avec des briques estampillées de Nabuchodonosor (p. 9), et plusieurs consoles en briques taillées. Le second chantier a été approfondi a cinq mètres au-dessous du premier niveau. Il a rencontré des tombeaux voûtés d'époque néo-babylonienne ou de décadence élamite, analogues à celui que nous avions déblayé à l'Est du palais de l'Apadana, l'année précédente, trois d'entre eux étaient en bon état de conservation. Nous pouvons affirmer cette fois que ces caveaux funéraires étaient édifiés sur le sol primitif ; leurs dimensions sont telles qu'ils ont dû être utilisés pendant une longue période, comme caveaux pour des inhumations au premier ou au deuxième degré. Extérieurement ce sont de grands massifs de briques rectangulaires en plan ; ils présentent une porte assez grande, protégée par une construction carrée ; elle était remplie de terre après chaque dépôt mortuaire, et vidée pour de nouvelles opération d'ensevelissement. Les deux murs de moindre largeur sont construits très solidement, parfois à mortier de bitume. La partie supérieure du massif est recouverte d'un dallage de grands carreaux. À l'intérieur, se trouve un caveau voûté ; l'appareil est tantôt formé de briques taillées en voussoirs, d'autres fois de briques en encorbellement ; les parois sont revêtues d'un mortier de chaux.

Nous avons déblayé quatre tombeaux de ce style : (voir plan III chantier n° 6).

Le tombeau n° 1 ( pl.XIII et pl.XIV ,1) avait 3m30 de longueur, 2m40 de largeur et 2m20 de hauteur hors oeuvre ; le caveau intérieur voûté en briques voussoirs, avait en plan 2m20 sur 1m46 ; et la hauteur sous clef était de 1m65. L'orientation était sensiblement est-ouest ; (p. 10) la porte à l'est avait 1m20 de largeur et 0m75 de hauteur.

Les ossements décomposés étaient mélangés à de la chaux tombée des parois du tombeau et à de la terre des mortiers ; ils formaient une couche de 0m30 d'épaisseur sur le sol dallé. On apercevait une grande urne funéraire couchée, et son support, anneau de terre cuite, était à demi enfoui dans les débris. Nous avons en outre recueilli dans le déblaiement, un vase en pâte blanche émaillée de forme basse à deux anses cylindriques percées pour le passage d'une corde et muni de son couvercle, le décor géométrique est très simple ; de plus deux autres vases en terre cuite.

La voûte du tombeau n° 2 était effondrée ; les dimensions en plan du massif orienté Nord sud étaient de 3m63 sur 2m65 ; les dimensions intérieures étaient de 3m00 sur 2m10. Le vide intérieur avait été réduit par des murs en briques crues élevées postérieurement contre les parois nord et ouest pour former une chambre plus petite de 2m24 sur 1m05, dans l'angle S.E. Nous avons retrouvé au dessous des briques tombées de la voûte, de nombreux débris de vases de terre cuite, une paire de boucles de ceintures en bronze, et une petite bouteille de bronze que nous pensons avoir été une lampe ; le goulet très étroit est percé latéralement d'un petit trou arrivant jusqu'à lui sans le traverser, pour permettre de retenir la mêche avec une épingle de métal, sans doute. La forme haute qui appartient aussi à des vases en terre cuite de destination analogue et de même époque, nous fait supposer que le liquide combustible employé devait être plus léger que les huiles végétale, brûlées dans les lampes aux formes basses dérivées des coupelles ; il se pourrait que nous ayons à faire à des lampes à pétrole. (p. 11) Hérodote et Pline le Jeune nous informent du reste que les habitants de Suse exploitaient le pétrole et l'utilisait. Le lieu d'origine devait être Khilab à environ cinquante kilomètres au nord de Suse, où sont des sources d'huile minérale et des vestiges nombreux d'anciennes exploitations.

Un troisième tombeau (N° 3) (pl. XIV et XV ) était particulièrement bien conservé. Il était rectangulaire en plan, une diagonale orientée sud-nord ; il avait 4m20 de longueur et 2m60 de largeur hors oeuvre ; la hauteur du massif était de 2m60. La voûte, réalisée par des briques en encorbellement, avait 1m53 de hauteur sous clef ; le caveau intérieur avait 2m66 sur 1,54m. La porte située au sud est avait 0m70 de largeur sur 0m90 de hauteur.

À l'intérieur, au milieu de débris d'ornements et de vases, nous avons recueilli seulement quatre vases de terre cuite, de forme haute et une écuelle intacts. Le quatrième tombeau (n°4) avait été violé, et était complètement rempli de terre ; peut-être même avait-il servi d'habitation : une fenêtre avait été pratiquée dans une paroi ; les violateurs étaient entrés par un angle, sans s'attaquer à la porte. Les dimensions hors d'oeuvre étaient 5m10 x 3m20 en plan et 2 m de hauteur ; celle du caveau : 3m80 x 1m75, avec une hauteur sous clef de 1m10. La voûte était faite de briques à voussoirs.

Entre ces monuments funéraires se trouvaient de grands vases remplis d'ossements ; un grand sarcophage presque rond en terre cuite ( pl.XV ,4) ; nous avons déblayé le dallage recouvert d'un enduit de chaux, d'un petit tombeau en briques crues ( pl.XVI , 1 et 2) ; près des ossements se trouvaient quelques vases de terre cuite, (p. 12) et un beau vase d'albâtre cylindrique à deux anses percées verticalement du même type que les vases en pâte émaillée à couvercle, décrits du grand tombeau de l'année précédente.

Ce chantier a fourni de nombreuses figurines de terre cuite, quelques cylindres en pâte émaillée ; nous avons trouvé la partie antérieure d'un lion sculpté dans le gypse ( pl.XVI ,3) ; le corps se continuait en cylindre percé d'un trou latéral pour un goujon de fixation ; cette pièce intéressante a malheureusement souffert et la tête est en partie rongée.

Au-dessus des tombeaux nous avons trouvé plusieurs tombes néo-babyloniennes et achéménides avec un mobilier de vases en terre cuite émaillée, figurines émaillées : l'une d'elle sépulture d'enfant, présentait un bracelet de bronze, un collier de perles d'agate et petites perles dorées ; sur le crâne était un petit bandeau de clinquant avec traces d'ornement au repoussé. Les bandeaux ou diadèmes analogues trouvés l'an dernier, appartenaient à des sépultures beaucoup plus anciennes, probablement 2000 avant notre ère. Nous avons vu au Musée d'Alexandrie des bandeaux analogues provenant également de tombeaux fouillés en Égypte mais sans attribution d'époque.

Autres points de fouilles (plan I)

Dans un ravin à l'est de la fouille précédente, les pluies ont mis à découvert une base de colonne achéménide portant une inscription trilingue d'Artaxerxès ( pl.XVII ) ; nous l'avons dégagée et amenée au château ; elle est d'un type connu, aussi ne pensons nous pas qu'elle soit utile à rapporter.

Pendant les derniers jours de notre présence à Suse, (p. 13) en attendant l'arrivée de la caravane de mulets, nous avons exploré un ravin creusé par les eaux au nord est du tell (N°8). Nous avons constaté que les vestiges du début de l'époque arabe, le parthe et l'achéménide, ont sur ce point une épaisseur d'une douzaine de mètres, alors qu'au sud ils n'ont que 5m au plus. Nous avons recueilli quelques vases et lampes de terre cuite, quelques flacons de verre.

Les pluies très abondantes ont favorisé les gamins des tribus qui nous ont apporté un assez grand nombre de pièces de monnaies en bronze, quelques unes en argent ; nous avons d’autre part acquis quelques monnaies en or, dont l’une proviendrait du trésor que Goulam Reza Khan s’était indûment approprié l’année précédente. Abbas Khan, le chef de tribu nous a remis quelques perles de pierre, des pierres taillées qui auraient été achetées par un seyed aux ouvriers en 1915 et sur lesquelles il avait pu remettre la main. Nous avons récompensé comme il convenait cette restitution.

Le coût élevé des transports ne nous a pas permis d’emporter tout le butin de la saison. Nous avons dû laisser notamment une collection de vases de terre cuite, un très beau sarcophage en terre cuite, retrouvé avec son couvercle ; de nombreuses briques inscrites, des vases de pierre et d’albâtre..

Nous nous sommes limités à treize caisses ; ne pouvant emporter ce lourd bagage à travers la Mésopotamie, nous avons du les remettre à Mohammerah aux soins de l’agence de la Mesopotamia Persia Corporation. Elles ont été embarquées sur le « Bandra » et sont arrivées au Louvre seulement le 5 juin. Le consul de France à Bombay monsieur Levy, avait bien voulu surveiller leur transbordement dans ce port.

Les objets en or et en argent ont été pesés à Mohammerah, par M. Cordonnier, directeur des douanes de la province, en présence du Kargouzar délégué à cet effet par le gouverneur du Khouzistan. Nous remettons ci)joint un des procès verbaux de cette opération.

La liste des antiquités rapportée est aux annexes III. Elle comprend 514 numéros, dont environ cent objets de terre cuite, une centaine de vases de terre cuite dont vingt cinq décorés de peinture ; une soixantaine de cylindres et de cachets ; soixante quinze vases de pierre et de bitume, quinze vases de bronze, etc...

Nous n’avons eu qu’à nous louer de notre personnel ; le pays a été parfaitement tranquille ; le principal événement de la saison a été la remise au chef des domestiques, Djaffar, de la médaille de vermeil qui lui a été accordée par le Ministre des Affaires Etrangères, par l’entremise de la Légation de France en Perse. Un grand repas dans la cour servi aux familiers du château a clôturé la cérémonie.

R. de Mecquenem

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