Roland de Mecquenem - Archives de Suse

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Cote conservation : F/17/17255 / Document original conservé aux Archives Nationales, Paris.

Monsieur le ministre,

J’ai l’honneur de vous adresser le résumé des travaux effectués pendant ma dernière campagne en Susiane.

Accompagné de Messieurs P. TOSCANNE et M. PILLET , je suis arrivé à Suse ; le 15 Janvier ; j’en suis reparti le 8 Avril. Les travaux de fouille ont commencé le 18 Janvier ; ils ont porté sur l’ensemble des ruines : Tells de l’Acropole, de l’Apadana, de la Ville Royale et de la Ville des Artisans ( plan 1 ).

TRAVAUX sur le tell de l’Acropole :

Les quelques tranches au-dessus du IIe niveau jusqu’aux murs de notre habitation, ont été abattues, fournissant quelques débris de briques inscrites, et un fragment de bas relief calcaire qui doit appartenir à une stèle anzanite au nom d’Untach-Gal déjà exposée au musée du Louvre.

Les bords du tell qui ont paru de meilleur rendement au cours des travaux précédents ont été descendus, au Sud de quatre mètres ; à l’Est et à l’Ouest de deux mètres de hauteur.(p.2)

Ces fouilles ont fourni : au Sud, des vases d’albâtre dont quelques-uns sont des pots à fard en forme d’animaux, deux sortes de lourds fuseaux de même matière dont la destination nous est encore inconnue, des armes de bronze, des pesons ( ?) et masses d’armes en pierre, des cylindres-cachets et perles cylindres, des tablettes proto-élamites.

À l’Est, des instruments de bronze, une pointe de lance, une houe, des burins, une patte de lion en terre cuite émaillée jaune, des tablettes proto-élamites, des empreintes sur des débris de bouchons de jarre.

À l’Ouest : une grande coupe en pierre dure, une grande coupe d’albâtre, un poids de même matière, des perles de quartz et de lapis ; des briques inscrites ; je signalerai enfin une armature d’angle de trône, de lit ou de char ; elle est fondue en bronze, composée de trois tiges creuses groupées à angle droit ; dans leur intérieur, on voit traverser les rivets de bronze et les débris noircis de montants en bois.

Un puits de trois mètres de diamètre intérieur fut vidé jusqu’à une profondeur d’une douzaine de mètre au dessous du II° niveau. Son garnissage est fait de briques jointes au bitume. Il était empli de matériaux divers, en particulier de gros blocs du calcaire gris utilisé si habituellement par les achéménides. Cette fouille est à poursuivre.

Au centre du tell ont été faites des explorations (p.3) de surface, sur une profondeur de 1,50, jusqu’au massif de briques crues qui constitue le noyau du tell. Au-dessous de l’édicule de Manich-tou-sou, on leva un dallage en grès grossièrement taillé et on découvrit un miroir de bronze et deux pointes de javelines. Non loin de là on trouva des traces de belles peintures bleues sur un enduit calcaire, une grande dalle rectangulaire en marbre creusée en cuve, un fragment de statuette de patési en marbre translucide ; enfin un pot de terre rouge renfermait huit cylindres-cachets qui méritent une attention spéciale.

Trois d’entre eux sont de grandes dimensions, six centimètres de hauteur sur quatre de diamètre ; ils sont en albâtre ; le trou longitudinal dont ils sont forés est, par une disposition remarquable, garni à ses extrémités de disques de grès cérame soigneusement enchâssés. Cette disposition avait pour but de diminuer le diamètre du trou et de protéger la matière très friable du cylindre contre le frottement de la monture.

Un cylindre est en calcaire dur, de moindres dimensions, les quatre autres sont en albâtre gypseux.

Les sujets représentés sont les luttes classiques du héros chaldéen contre le lion et le taureau à face humaine ; on voit aussi une divinité assise et une divinité dont le buste se prolonge vers le bas par les replis d’un corps de serpent.

Malgré quelques légères injures du temps sur (p.4)des surfaces aussi fragiles, cette précieuse collection est gravée avec un fini extrême, une rare perfection. On en rapproche le style de la fameuse empreinte de Lougal-anda.

Les légendes archaïques que portent deux d’entre eux nous aident à dater cet unique ensemble de la grande époque de Naram-sin et de Manich-tou-sou.

TRAVAUX sur l’APADANA

Le déblaiement du palais de Darius s’est poursuivi sous la surveillance spéciale de Mr. Pillet, architecte diplômé. Il a revisé les plans que j’avais dressés les années précédentes , et a continué le relevé pour un plan à 0m01 par mètre dont il exécute la mise au net.

Le palais de Darius est fondé sur une terrasse dont le niveau est de 14 mètres au dessus des eaux du Chaour actuel. Elle est rectangulaire de 260 mètres sur 197, avec un décrochement vers le nord sur lequel s’élève la salle hypostyle ou Apadana.

Cette terrasse est en graviers, maintenus par des murs de soutènement établis en briques crues et parés en briques cuites. L’épaisseur de cette terrasse est à l’Est de 7 mètres 50 au-dessus de ce qui paraît être le sol naturel ; des sondages dans la partie centrale effectués au moyen des puits parthes disséminés, montrent une épaisseur moyenne de 12 mètres. Le cube amoncelé (p.5) est supérieur à 400.000 mètres. Plusieurs buttes au nord du palais sont aussi constituées entièrement de même manière. Si l’on songe qu’il faudrait aujourd’hui aller jusqu’au lit de la Kerkha à trois kilomètres pour trouver des graviers semblables, on s’étonne d’un aussi grand effort. Peut-être existait-il parmi les buttes argileuses du sol de Suse des dépôts alluvionnaires de gravier comme on en voit aux environs de Dizfoul.

Les murs du palais étaient en terre crue, ils ont disparu partout, sauf un insignifiant témoin ; ils étaient fondés sur un ou deux lits de briques cuites. Le sol des pièces était généralement constitué par un béton de 10 à 15 centimètres d’épaisseur, enduit d’une couche assez épaisse d’ocre rouge.

Trois longues circulations de couloirs courent de bout en bout du palais dans une direction sensiblement Est–Ouest, (16° plus à l’Est). Trois grands parvis desservent les appartements ; ils s’ouvrent sur la circulation Nord. Deux d’entre eux sont carrelés de briques cuites ; le plus grand est à l’Est, sensiblement axé sur l’Apadana ; il mesure 38 mètres sur 35 ; l’autre de 34 mètres sur 29 correspond à une entrée monumentale au Sud, il en est séparé par deux salles de 33 mètres sur 9. Il était décoré de briques émaillées polychromes représentant des griffons ailés. Le troisième parvis dont le sol est enduit était décoré de colonnes de marbre et de briques polychromes. Il mesurait 32 mètres sur 22. Trois (p.6) grandes portes donnaient accès vers l’enceinte Ouest.

Les murs de soutènement et d’enceinte, les degrés ont disparu au Sud, mais à l’Ouest, il a été retrouvé un fragment important du mur de soutien ; il était établi en briques cuites sur une fondation de briques crues ; parmi ces dernières, plusieurs portaient inscription estampée de Darius. Ce mur devait être garni d’un parement de briques à relief polychrome. A l’Est ont été retrouvés deux grandes bases de calcaire gris et des dallages qui témoignent d’une entrée monumentale ; un mur d’enceinte en briques crues a été suivi sur une trentaine de mètres.

La partie orientale du palais semble avoir été complètement détruite ; sur le gravier reposent des ruines de monuments chrétiens ou arabes qui se signalent par de nombreux fragments de décor en plâtre sculpté. Il est cependant possible que cet emplacement ait été occupé par des jardins.`

Il reste à déblayer un rectangle d’environ 60 mètres sur 80 au Nord-Est du palais.

Ces travaux n’ont pas été sans mettre à jours d’intéressants documents parmi lesquels deux fragments d’une statue colossale achéménide, l’un montrant la bouche et une partie de la barbe ; l’autre un pied chaussé ; des fragments d’inscriptions appartenant à des stèles et bases de colonnes ; la grande inscription trilingue des bases de colonnes de l’Apadana ; deux pierres en grès taillées en degré et portant en plein sur le plat l’emblème du dieu (p.7) Mardouk ; des briques émaillées appartenant à divers sujets dont quelques-uns nouveaux ; je citerai en particulier un fragment montrant la chaussure de deux personnages, l’un des bas de jambes est émaillé blanc, l’autre montre des lignes de chevrons alternativement brunes, vertes et blanches, ce qui indique le port d’une guêtre ou d’une chausse de laine.

TRAVAUX de la VILLE ROYALE :

Les reconnaissances ont porté sur de nombreux points ; ce tell ayant 900 mètres de longueur sur 500 de large, nos travaux bien qu’ayant fourni des résultats intéressants et concordants sur les différents niveaux ne sont encore relativement que d’insignifiants travaux d’approche.

Le niveau de l’élamite en place est à une profondeur qui varie de 4 à 9 mètres, recouvert par un étage très bouleversé d’achéménide, parthe et arabe. Nous avons reconnu que les ruines élamites ont eu la même extension que les ruines achéménides ; c’est-à-dire que l’enceinte relevée soigneusement par Mr. Dieulafoy enserre aussi bien la ville élamite que la ville achéménide. Une tranchée d’étude faite sur le bord de cette muraille de terre crue séparée des terres par un radier de galets nous l’a montré reposant sur un sol d’argile naturelle ; la Ville Royale était donc comme l’Acropole fondée sur une butte argileuse. (p.8)

Nos trouvailles des étages supérieurs ont été les suivantes : fragments de colonnes achéménides, plateau rectangulaire en brèche jaune, deux plateaux circulaires à 4 pieds, l’un en pierre noire, l’autre en marbre blanc. Des briques émaillées dont l’une est en grès cérame élamite représentant le pied d’un personnage ; deux poids babyloniens en forme de canard dont l’un très petit, du système classique porte inscription de sa valeur ; des vases de terre émaillée, dont l’un est rectangulaire orné d’un treillis en relief ; de nombreuses faïences souvent presque complètes ; une coupe en albâtre décorée au compas, d’un dessin rappelant curieusement le décor de certaines coupes de la nécropole ; une tête humaine en terre crue portant des traces de peintures, des figurines de terre et d’ivoire, etc. ; de nombreux vases de terre cuite dont quelques-uns décorés au pastillage ou de traits incisés.

En résumé, des objets analogues à ceux que l’on trouvait à la partie supérieure de l’Acropole ; mais il apparaît comme permis d’espérer des étages inférieurs des résultats comparables aussi à ceux de l’étage moyen du grand tell, d’après la courte exploration qu’il a été possible de faire.

Au Nord-Ouest de la Ville Royale, à environ 5m. de profondeur a été trouvé le niveau élamite, signalé d’abord par des fragments de briques inscrites, quelques tablettes de terre crue, d’écriture anzanite ; puis des (p.9)

tombes indiquées par un mobilier de vases de terre cuite, des bracelets de bronze encore enfilés dans les os de l’avant bras, des perles de cornaline.

Au-dessous, l’on trouvait des vases en grès émaillé décorés de torsades ou d’un réseau en relief, des boutons d’ivoire, de petits vases de bronze, des briques élamites inscrites, un fragment de cône inscrit.`

À la partie inférieure de la fouille, soit à environ 10 m. de profondeur, apparurent les ruines d’un mur de briques cuites que nous avons pu suivre sur une longueur de huit mètres environ, une hauteur de 2 mètres.

Ces briques sont ou de simples carreaux, ou des briques inscrites élamites, ou encore des briques, soit éléments de colonnes engagées, soit portant en haut relief des figurations de personnages.`

Parmi ces dernières sont remarquables : des faces humaines, aux oreilles d’animal ; il a été retrouvé une quinzaine de ces briques plus ou moins mutilées ; le nez a, en général, souffert ; le type est tout à fait sémitique.

Il a été également recueilli le haut de la coiffure, l’extrémité inférieure de la barbe avec la poitrine et l’attache des bras, la main droite qui, repliée sur le corps tient un objet peu distinct ; d’autres briques se rapportent au milieu du corps, d’autres aux membres inférieurs, et sur celles-ci parfois des inscriptions.

En outre les reliefs de quelques briques sont (p.10) encore difficiles à expliquer. La restitution de l’ensemble s’indique déjà ; toutes ces briques sont les matériaux d’un parement de mur orné de panneaux en relief, séparés les uns des autres par des colonnes engagées.

Les briques inscrites dans cette construction sont aux noms de Temti-Halki, de Choutrouk Nakhunte, de Kutir Nakhunte. Les estampages, les monuments eux mêmes seront bientôt entre les mains du père Scheil qui nous fixera sur leur intérêt.

Quoi qu’il en soit, nous avons atteint sur ce point un niveau singulièrement riche en documents.

Il est permis de penser que nous avons trouvé les ruines des propres palais des rois élamites ;

L’Acropole aurait été le site réservé aux sanctuaires.

TRAVAUX à la VILLE des ARTISANS

Les sondages que nous pouvions faire avec nos moyens limités ont porté aussi sur cette ruine inexplorée.

Sur le bord occidental, ont été trouvées des tombes parthes, parfois intéressantes au point de vue disposition des vases funéraires.

Les fouilles faites sur l’un des sommets ont déblayé une grande construction à colonnes de briques ; le sol des pièces était enduit de calcaire. Il a été recueilli de nombreux fragments de céramique arabe. (p.11)

TRAVAUX en dehors de SUSE

Selon ce qui était convenu entre Monsieur le Directeur de l’Enseignement Supérieur et moi, j’ai fait ce que j’ai pu pour explorer des champs de fouilles éventuelles ; En particulier, j’ai profité de mes séjours forcés à Nasseri, tant à l’aller qu’au retour, pour explorer les ruines d’Ahwaz plus complètement que cela n’avait été fait jusqu’alors.

Ahwaz est à la rencontre de la rivière Karoun avec des affleurements de grès orientés du Sud Est au Nord-Ouest, qui forment là quelques collines, avant garde des plis montagneux qui séparent la plaine de Mésopotamie du plateau iranien.

L’endroit est bien choisi pour un établissement ; les collines à l’abri des crues permettent de surveiller le pays ; la roche est facile à creuser en caves, ou à débiter en matériaux. Les premiers sédentaires durent s’y fixer.

À l’époque d’Alexandre, il existait à Ahwaz un pont de bateaux sur la route de Suse à Persépolis, de Suse vers Ramormuz. Plus tard, probablement sous les Sassanides, en profitant des pointements rocheux qui obstruent le lit de la rivière, on construisit un barrage en blocs de grès ; des canaux d’irrigations furent creusés, et la ville prit une grande extension ; elle fut au huitième siècle le siège d’un évêché chrétien ; (p. 12) le barrage détruit, la ville se réduisit à un petit bourg ramassé au bord du Karoun, à trois kilomètres en amont de Nasséri qui est une petite ville de création récente.

Lieu de passage ordinaire, des missionnaires de Suse, Ahwaz avait toujours été l’objet de leur curiosité. Mr Van Roggen a donné dans les mémoires de la Délégation en Perse, une étude du barrage et des canaux anciens. J’y ai fait le premier quelques recherches archéologiques.

Les collines les plus basses ont été exploitées comme carrières, leur sommet est criblé de sarcophages isolés ou groupés auxquels on accède par des escaliers taillés, dans les plus hautes, ont été creusées de nombreuses grottes pour l’exposition des corps.

Les ruines de la ville qui s’étendent au Nord et au Sud des premières croupes couvrent une aire d’une trentaine d’hectares. La base des murs tout au moins et leurs fondations, sont en blocs de grès qui ont incité les gens du pays à une exploitation très active. Ils opèrent par puits et galeries de recherches, puis suivent les murs, descendant à huit et parfois quinze mètres de profondeur.

J’ai relevé les traces d’édifices importants très généralement bordés de lignes de colonnes. Je n’ai pas eu connaissance de trouvailles d’objets très curieux ou d’inscriptions.

On trouve assez souvent des pièces de monnaies (p. 13) parthes en bronze.J’ai recueilli un grand nombre de débris céramiques intéressants comme matériaux d’étude.

APPORT de la MISSION

Le résultat de nos travaux, y compris un choix de briques émaillées en dépôt à Suse comprend 122 caisses que j’ai confiées pour le transport à Mr. P. ter Mulen, agent consulaire de Russie à Nasseri et que j’attends pour la fin de Juillet.

Elles se partagent comme il suit d’après leur contenu :
Fragments d’inscriptions sur pierre 13
Briques achéménides en terre cuite (griffons) 44
Briques achéménides en grès cérame (griffons) 37
Briques achéménides en grès cérame (inscriptions) 4
Briques achéménides en grès cérame (archers) 3
Briques élamites en terre cuite (Inscriptions et reliefs) 9
Autel en albâtre (fouilles 1906-1907) 2
Pierres en grès achéménides 1
(p14) Inscriptions élamites (1906-1907) 1
Vases d’albâtre et de terre cuite 1
Vases d’albâtre et instruments de bronze 1
Grand vase parthe en terre cuite 1
Figurines et petits objets 1
Vases de bronze et instruments de pierre 1
Tablettes et empreintes 1
(TOTAL) 122

Sur ce nombre, soixante caisses correspondent aux découvertes des années précédentes, à trois près ; elles contiennent des briques achéménides.

Il reste encore en dépôt à Suse environ 260 caisses d’antiquités se classant comme il suit :
Fragment de base de colonne achéménide 1
Piédestaux de statuettes en albâtre 1
Masses, pesons, pierres de gond, broyeurs à grains, silex taillé, plats et vases de pierre… environ 15
Objets de bronze 1/2
Oudjas égyptiens, amulettes, perles etc. 1/2
Ornements de plâtre sculpté époque arabe (1913) 5
Débris de céramique arabe (1913) 6
Grands vases funéraires parthes 16
Vases divers en terre cuite, susceptibles d’être sériés 15
Figurines de terre cuite 1
Briques diverses ; éléments de colonne ou portant une marque estampillée 1
Briques inscrites en terre cuite élamites :
Epoque des patésis 5
De Chilkhak et Khuteludonch 5
Autres rois 25
Briques en grès cérame élamites inscrites 12
Briques à relief élamites (1913) 11
Briques émaillées achéménides :
Ornements divers 100
Lion 15
Sphinx 4
Globe ailé 3
Briques en terre cuite avec traces d’émail (archers, griffons et ornements) (1913) 10
(TOTAL) 260

(p. 16)



Après ce rapide exposé des travaux et envois qui ont occupé notre saison à Suse, je me fais un devoir de me louer de mes deux collaborateurs , Mr Paul Toscanne qui a été en toutes matières et en toutes circonstances un véritable bras droit, Mr Maurice Pillet qui a suivi avec intelligence les déblaiements du palais de Darius.

Notre mission de Suse a, comme je vous l’ai écrit en détail, été à plus d’un pont de vue, une véritable campagne de fouilles avec ses attentats de toute nature.

J’ai été bien secondé dans les dangereux moments par mes collaborateurs. Je ne dois pas oublier de mentionner les plus anciens serviteurs de la mission en Perse, Djaffar l’intendant et Abbas Khan le gardien chef du château. Ces deux modestes serviteurs m’ont demandé à mon départ comme suprême faveur une médaille de la République Française pour porter sur leur uniforme.

J’espère que ce vœu sera favorablement accueilli.

Le gouverneur de Mohammérah, cheikh Gazal Serdar el Arfa au cours de ma visite de congé m’a fait dire qu’après les dix sept ans de services rendus aux missionnaires de la France, il serait très désireux de porteer la Légion d’Honneur ; il a déjà reçu une décoration anglaise que sir William Cox Résident général à Bouchir et gérant du vice consulat de France, est venu lui remettre solennellement il y a deux ans.

Laissant cette délicate matière à votre jugement (p. 17) éclairé, je termine en vous priant, Monsieur le Ministre, de bien vouloir agréer mon profond, respectueux dévouement.

Paris , 25 Juin 1913.

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